La famille Daoudi, de
Guelmim est bien connue des milieux militants sahraouis. Ils luttent
pacifiquement pour l'indépendance du Sahara Occidental, contre l'occupation
marocaine. Le père Mbarek a participé à plusieurs délégations en visite aux
campements de réfugiés.
L'actualité de la
découverte de la fosse commune à Amgala, contenant 8 corps de sahraouis a
changé radicalement le quotidien de Mbarek Daoudi et de ses 5 fils, Taha, Omar,
Mohamed, Brahim et Hassan.
Taha, né en 87 et Omar, né
en 88, sont arrêtés le 9 août, avec 4 autres militants sahraouis de Guelmim au
sud du Maroc, suite à des échauffourées à l'occasion d'un match de football
opposant 2 équipes locales, l'une sahraouie et l'autre marocaine. Le match
n'avait pu se terminer parce que des civils marocains aidés de la police
marocaine avaient attaqué les spectateurs sahraouis alors que l'équipe
sahraouie menait 2 à 0.
Le procès de Taha et Omar
a lieu le 19 septembre. Les militants sahraouis Mariem Aia'aich, Brahim Dahan,
Taqi Machdoufi, Mohamed Mayara, Abderhaman Zayou, Jamal Kraidach y assistent
aux côtés du père M'barek Daoudi.
Le verdict rendu le 26 septembre est de 10 mois en première instance. Il est
d'un an après l'appel.
Lors de sa rencontre avec
les militants, Mbarek a témoigné avoir été présent lors de l'exécution de ce
qu'il dit être une famille et dont les corps viennent d'être découverts dans la
fosse commune d'Amgala. Selon lui d'autres personnes encore ont été exécutées
ce jour-là. Mbarek était alors militaire pour l'armée marocaine, dans laquelle
il a été enrôlé de force en 1976. Le jour de l'exécution, il avait refusé
d'égorger les moutons et chameaux de la famille, tâche confiée aux militaires
d'origine sahraouie, et il avait de ce fait passé 2 ans au cachot. Les
militaires marocains avaient exécuté les membres de la famille et selon Mbarek,
les recherches doivent continuer.
Mbarek a déclaré que les
menaces répétées de gradés de l'armée militaire venant lui rendre visite chez
lui depuis 5 mois ne changerait rien à sa détermination de témoigner. Mbarek
Daoudi, né en 1956, est retraité de l'armée depuis 2004, d'où il est sorti avec
le grade d'adjudant.
Le jour même du verdict
pour ses deux frères, le fils Mohamed, né en 89, est enlevé par la police
marocaine, et il est toujours disparu à ce jour.
Le 28 septembre, une
équipe nationale de la police judiciaire se présente chez Mbarek, dans le
centre de Guelmim, rue El Kharchi
et l'arrête avec Hassan, son fils mineur, né en 96. Les policiers conduisent le père et
fils jusque la maison du grand-père à Legsabi, dans la banlieue, à 10 km du
centre de Guelmim.
Là, visiblement bien
informés, les policiers creusent la terre pour chercher un fusil et le trouve.
C'est le fusil du grand-père, datant de la guerre contre les Français en 1936.
Selon Hassan Daoudi, le frère de Mbarek, la possession de ce fusil - de 1936 et
enterré - est le motif de l'arrestation de Mbarek.
Mbarek et son fils Brahim,
né en 92, sont arrêtes ce même jour 28 septembre et inculpés. Brahim est accusé
d'attaque de banque. Le motif de l'arrestation de Mbarek n'est pas connu à ce
jour.
Après 2 jours
d'interrogatoires musclés à Guelmim, Brahim raconte que le 1er octobre la
police a présenté des armes à Mbarek et a exigé de lui qu'il les manipule. La
séquence a été filmée, sans que la destination des images ne soit indiquée au
père ni au fils.
Mbarek a été conduit à la
prison militaire de Salé et il est à ce jour encore impossible d'avoir de
contacts avec lui, ni de ses nouvelles. Selon des organisations de défense des
droits de l'homme, il est placé dans l'isolement. Mbarek doit comparaître
devant le juge d'instruction de la cour militaire, sans qu'aucune date n'ait
été communiquée à la famille.
De cette famille,
conformément aux menaces des militaires marocains, le père et 3 fils ont été
arrêtés, un quatrième fils est disparu. Ne restent que la mère et le fils
mineur à la maison.
À Guelmim, selon des
sources concordantes, le vice divisionnaire de la sûreté, Mohamed Ali Hamed, et
le chef du département de la DST, Mouloud Bokrich, ont très probablement une
grande part de responsabilité dans les arrestations et disparition qui ont
décimé cette famille.
À noter que récemment des
manifestations pacifiques avaient été violement réprimées à Assa le 23
septembre, de même qu’à Guelmim le
25 septembre. De nombreux Sahraouis de la zone non contestée du Sahara
Occidental protestent contre la présence marocaine et la discrimination que
leur réserve les autorités d’occupation de leur pays d’origine, le Sahara
Occidental.
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