dimanche 12 juin 2011

Au Sahara Occidental : grève de la faim contre pêche européenne


Depuis le 12 avril, à Guelmim dans le sud Maroc six citoyens sahraouis sont en grève de la faim pour dénoncer la pêche de l'UE dans les territoires occupés du Sahara Occidental, et l’implication de l’importateur américain de phosphate PCS et de la compagnie pétrolière irlandaise San Leon dans le pillage du territoire.

« Union Européenne, respecte nos droits », indique un panneau posé sur les torses des manifestants en grève de la faim.

Des conditions de vie désespérées et aucune perspective ont poussé 6 jeunes citoyens sahraouis à risquer leur vie. Alors que les richesses naturelles du Sahara occidental sont exploitées par le Maroc et ses complices commerciaux, les Sahraouis sont de plus en plus relégués à la frange de la société.

Les grévistes de la faim sont soutenus par toutes les couches de la communauté sahraouie. Motivé par les appels à la justice traversant l’Afrique du Nord, le peuple n'a plus peur de dénoncer ce qu'il considère comme responsable direct de ses conditions de vie inhumaines.

«PCS pille notre terre » disent leurs pancartes. «PCS: s'il vous plaît cesser de voler ». Le producteur d'engrais canado-américain PotashCorp (PCS) est le plus grand importateur des phosphate du Sahara Occidental dans le monde. Avec ses importations continuelles, la société procure à l'occupation marocaine du Sahara occidental de considérables injections financières.

Les manifestants sahraouis appellent d’autre part la société irlandaise San Leon, pionnier dans l'exploration onshore de pétrole et de gaz au Sahara Occidental occupé, à quitter la région. Ils dénoncent aussi l'accord de pêche UE-Maroc - perçu par beaucoup comme un appui politique implicite à la revendication intenable du Maroc sur le Sahara Occidental - ainsi que le principal partisan de la pêche de l'UE, l'Espagne.

Les manifestants sont tous de Guelmim au Sud du Maroc. La ville compte une importante population sahraouie, exprimant régulièrement son soutien à la cause de l'autodétermination des Sahraouis du Sahara Occidental, plus au sud.

Selon un avis juridique de l'ONU de 2002, les activités économiques dans la dernière colonie d'Afrique ne peuvent avoir lieu que si les Sahraouis en sont d'accord et en bénéficient. Aucune de ces conditions n'a jamais été remplie par le Maroc ou les entreprises étrangères actives dans le territoire. La récente vague de manifestation dénonçant le pillage, au Sahara Occidental et au Sud du Maroc, le prouve.

Le Maroc a envahi le Sahara occidental en 1975. Sa souveraineté auto-proclamée sur le territoire a été réfutée par la Cour Internationale de justice, et plus de 100 résolutions de l'ONU reconnaissent le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination. Alors que la communauté internationale ferme les yeux sur la brutale occupation, les entreprises internationales se font des revenus grâce à des accords commerciaux illégaux avec le Maroc.

WSRW, 8 juin 2011





samedi 4 juin 2011

Lifosa est expulsé du Pacte Mondial des Nations Unies


L'entreprise lituanienne Lifosa a refusé de répondre à la question de son intention de cesser les importations de phosphate en provenance du Sahara Occidental, et est exclu aujourd'hui de l’Initiative du Pacte Mondial sur la responsabilité sociale d’entreprise.

Photo: Eurochem.ru

L'année dernière, l’importateur de phosphate lituanien Lifosa a admis à WSRW avoir effectué d’importantes importations de phosphate du Sahara Occidental.

Les importations n'ont jamais figuré dans leurs rapports de la responsabilité sociale d'entreprise, même si en 2005 l'entreprise s’est inscrit comme membre du Pacte Mondial des Nations Unies - une initiative des Nations Unies d’entreprises qui adhèrent aux principes fondamentaux des droits de l'homme, du travail, de l'environnement et de lutte contre la corruption.

"Lifosa a t’elle, en une quelconque occasion depuis les premières importations, consultés les représentants des Sahraouis pour déterminer si les importations étaient conformes aux souhaits ou aux intérêts des Sahraouis? " a demandé WSRW à l'entreprise dans une lettre 6 Septembre 2010.

"Non", a été la courte réponse de la directrice générale de la société, dans une lettre à WSRW le 16 novembre 2010.

Le Service juridique de l'ONU considère que les activités sur les ressources naturelles au Sahara occidental sont en violation du droit international si le peuple du territoire n'est pas consulté.

Lifosa nie dans la lettre même avoir un accord à long terme avec l'OCP, mais déclare signer des accords d'approvisionnement trimestriels. Ils ont admis avoir reçu 250 000 tonnes de phosphate en 2008, 120 000 tonnes en 2009 et 465 000 tonnes en 2010 – cargaisons provenant toutes du Sahara occidental.

Le 1er décembre 2010, WSRW a envoyé un nouveau courrier à Lifosa, demandant si Lifosa et leur maison-mère Eurochem «suivraient l'exemple d'autres producteurs d'engrais éthiquement orientée au niveau international et mettraient fin aux importations de phosphate à partir de Sahara occidental".

Après 6 mois sans réponse, le Pacte Mondial semble avoir procédé au retrait de la société de leur liste de participants. La radiation a été faite vendredi 3 juin 2011. Les images ci-dessous montrent la liste des membres de l’initiative avec puis sans Lifosa.

Le Pacte mondial attend des entreprises participantes qu’elles s’adaptent aux préoccupations de la société civile.

AB Lifosa est le plus grand producteur d'engrais minéral phosphaté des Etats de la mer Baltique, leader de cette industrie dans l'Union Européenne, et une filiale de l’entreprise russe Eurochem.

wsrw, 3 juin 2011

Voir les pages web du Pacte Mondial des Nations Unies pour la RSE avec puis sans Lifosa ici http://www.wsrw.org/index.php?parse_news=single&cat=111&art=1950