jeudi 28 mars 2013

EM : Les Sahraouis au Forum Social Mondial à Tunis

 
Photos Apso

Le 12ème forum Social Mondial s’est ouvert hier 26 mars 2013 à Tunis, sur le campus universitaire d’el Manar.

Le premier jour était celui des femmes avec l’assemblée des femmes, dont le slogan le plus marquant était peut être « globalisons la lutte, globalisons l’espérance ». Les femmes de la délégation sahraouie étaient toutes présentes et ont salué tour à tour les déclarations de lutte et de résistance des femmes de Palestine, de Syrie, de Tunisie, du Maroc, du Brésil, de Pologne, du Sénégal et d’Egypte… De nombreuses interventions ont rappelé combien leurs conditions sont pour beaucoup difficiles, douloureuses et précaires.

La délégation sahraouie au complet, composée de Sahraouis venant des campements de réfugiés et des territoires occupés, s’est ensuite retrouvée au départ de la marche mondiale, entre la délégation des femmes et celle du Kurdistan irakien. C’est en bonne entente que les adversaires du match d’ouverture de la 5ème VIVA World Cup au Kurdistan ont fait les quelques kilomètres de la marche.

De nombreux amis des Sahraouis de Tunisie, Allemagne, Espagne, Algérie, France … sont venus crier avec les Sahraouis des slogans réclamant la liberté, la justice, l’autodétermination et l’indépendance.

Le cortège égayé des multiples couleurs des melfas, draas, et drapeaux de la RASD, a quitté la place de l’Horloge et a marché jusqu’à la scène d’el Menzah. Les banderoles présentaient une carte du Sahara Occidental et déclaraient « Brisons les murs entre les peuples, non au mur marocain de 2700km au Sahara Occidental », « Toutes et tous pour la liberté, la dignité, la démocratie et la justice au Maghreb, toutes et tous pour un référendum d’autodétermination au Sahara Occidental », « La France doit changer de position sur le conflit du Sahara Occidental, la France doit soutenir le droit inaliénable du peuple du Sahara Occidental à l’autodétermination », « Libération de tous les prisonniers politiques sahraouis des prisons marocaines, oui pour un mécanisme international de surveillance des droits humains au Sahara Occidental », « Western Sahara the last colony in Africa», ou encore « Tous pour un Sahara sans mines ».

Un programme quotidien d’ateliers est prévu sur le thème du Sahara Occidental jusqu’à la fin du forum sur les thèmes du droit international, des droits de l’homme, des ressources naturelles, du dialogue entre les peuples du Maghreb, les mines et les murs du Sahara.
Bien située à l’entrée du forum, une grande tente sahraouie a été dressée sur le campus à proximité de la faculté de droit, dans laquelle les visiteurs peuvent découvrir les expositions de l’association des familles des prisonniers et disparus sahraouis, et poser des questions. Il est aussi possible de découvrir sous la tente les musiques et danses sahraouies.

EM, Sahara Occidental occupé
Envoyé spécial à Tunis, le 27/03/13

lundi 25 mars 2013

Hassan Dah, Sahraoui, prisonnier politique, 30 ans de prison

Hassan, 26 ans, un prisonnier sahraoui parmi d’autres, condamné à 30 ans de prison lors du procès de Gdeim Izik

« La torture, c’était il y a 20 ou 30 ans… »  Abdelillah Benkirane, chef du gouvernement marocain

 Né le 18 janvier 1987 à El Aaiun au Sahara Occidental Hassan Dah est un militant de droits de l'Homme  pour le droit à l’autodétermination du peuple sahraoui. Ce n’est pas la première fois qu’il se fait arrêter, torturer et jeter en prison. A partir de 18 ans il est souvent victime de répression.

Voici quelques unes de ses arrestations :
En 2007
Il a été enlevé chez lui  par la police, pendant son sommeil. Avec d’autres militants ils sont torturés à l’électricité, les yeux bandés et laissés sans habits sur le sol par la police qui verse de temps à autre de l’eau sur eux. Ils sont contraints de signer le procès verbal sans pouvoir connaitre ce qui est écris dessus, sous menace de viol. Ils refusent de répondre aux questions du juge sans présence de leur défense, ce qui a obligé le juge de les faire retourner à la prison.

Le 15 septembre 2009
Hassan est avec un groupe d’amis membres de l’Observatoire des droits de l’Homme, un groupe de policiers descend de voiture et se jette  sur eux, en les battant sans raison ni explication. Les yeux bandés ils sont emmenés en voiture, puis encore frappés violemment pendant une demi-heure. A la Willaya de sécurité un autre groupe de policiers, sous les coups et les insultes, les  interroge sur leur affiliation à l’Observatoire Sahraoui des droits de l’homme et leurs plans futurs, puis ils sont isolés chacun dans une pièce. Un autre agent de sécurité demande qui est l’organisateur de la manifestation de quartier Maatallah et si Hassan est  impliqué. Cet interrogatoire a duré plus de 2 heures. La nuit se passe entre le couloir et la salle d’interrogatoire, sans couverture. Les gardiens les empêchent de dormir en leur donnant régulièrement des coups de pieds. Le 16 à 19 h du même jour, l’officier Anouch revient les informer qu’ils vont être libérés tout de suite, « mais il nous a d’abord interdit de publier quoi que ce soit sur Internet en nous menaçant. »

Le 19 juillet 2010 au matin
Hassan est arrêté par les autorités marocaines. De nombreux citoyens sahraouis avaient l’intention d’assister à la réception donnée en l’honneur des onze militants sahraouis des droits de l’homme de retour d’une visite aux camps de réfugiés sahraouis en Algérie. Ordre a été donné aux forces de sécurité et aux forces auxiliaires d’intervenir contre eux. La police marocaine fait usage d’insultes et des coups de matraque et autres violences. Hassan fait partie des nombreux blessés.
 .
Le 03 août 2010 Hassan témoigne :
« Nous venions de Casablanca, après un vol en provenance d’Alger. L’avion dans lequel nous étions, a atterri à 20h à l’aéroport de l’El-Aaiun, au Sahara occidental..
L’aéroport était rempli d’hommes des renseignements généraux et de policiers en civil. Ils ont accéléré les procédures avec le reste des passagers. Tout a duré très longtemps pour nous.
Ils nous ont isolés un par un, fait déshabiller et fouillé, y compris dans nos chaussures. J’avais acheté des chaussures neuves en Algérie, et ils ont été très intéressés. Ils m’ont demandé si c’était Mohamed Abdelaziz (ndt : président de la république arabe sahraouie démocratique) qui me les avaient données. C’était comme des questions qui n’étaient pas dans la réalité.
En sortant vers 23h, nous avons trouvé devant l’aéroport les militants Brahim Sabar, Hassana Alouat et Mohammed Rashid N’dour. Ils devaient nous conduire dans leurs voitures vers le lieu de réception. Quand nous sommes arrivés, nous avons fait le signe de la victoire en descendant de voiture.
Les forces de police ont considéré ça comme une provocation, et ils nous ont attaqués. J’ai été la première cible, accompagné de Mme Khaddjto. Elle a été frappée à la tête et a perdu connaissance. J’ai été roué de coups par sept personnes et j’ai perdu connaissance aussi.
Je me suis réveillé dans ma maison, il y avait des cris et des hurlements, et des pierres pénétraient par les fenêtres. C’est la police qui les jetait. La pression est montée quand la rumeur a circulé qu’un policier avait été poignardé par une personne présente dans la maison.
Vers 3h du matin, j’ai décidé de partir en compagnie de Mohammed Manolo. Quand je suis sorti de la maison, et j’ai été entouré par un grand nombre de policiers en civil. Quatre d’entre eux me prenaient en photos.
J’ai été menotté, et on m’a bandé les yeux avec un chiffon qui sentait l’urine. Puis ils m’ont forcé à monter dans une voiture de police, et sans parler ils ont commencé à me frapper, gifler, coups de pied, avant de m’amener à la préfecture de police. J’ai su que j’étais au siège de la préfecture parce que j’ai vu le sol et les escaliers en baissant les yeux sous le tissu.
Ils m’ont emmené dans une pièce, et j’ai senti qu’il y avait beaucoup d’hommes avant qu’ils commencent à me poser des questions. Ils m’ont demandé si c’est moi qui avais donné le coup de couteau au policier, puis qui avait donné un coup de couteau au policier, et combien le front Polisario a payé pour faire ça ? J’ai été surpris par les questions que j’ai trouvées étrange, alors que c’est moi qui recevais des coups sans raison.
Ils m’ont menacé de me forcer à m’asseoir sur une bouteille en verre, ensuite ils ont ligoté mes mains devant mes tibias. Ils ont passé un bâton sous mes genoux pliés et par-dessus mes bras.
Ils m’ont suspendu en hauteur. J’avais la tête en bas (les policiers appellent ça « poulet rôti »). Ils m’ont frappé pendant qu’ils répétaient les mêmes questions : qui a poignardé le policier ?
Ils ont dit qu’ils avaient des preuves photographiques que c’était moi. Je leur ai dit que s’ils avaient des preuves qu’ils les donnent.
Ensuite ils ont versé de l’eau sale sur moi. Ça a coulé jusqu’à ma bouche et mon nez, jusqu’à ce que je me sente étouffer. La torture a duré deux heures, je pense. A ce moment, j’ai dit « arrêtez, arrêtez, je vais dire la vérité ». Un chef a donné l’ordre de me changer de position et ils m’ont descendu sur le sol. J’ai demandé qu’ils enlèvent le bandeau de mes yeux.
Ils l’ont fait et j’ai vu qu’il y avait une vingtaine d’officiers. J’ai désigné du doigt un homme parmi eux et j’ai dit « c’est lui. C’est lui qui a poignardé le policier ». Ils ont été énervés, et ils ont remis le bandeau sur mes yeux et ont menotté mes mains dans mon dos.
Je suis resté dans cette position, de 6 heures du matin jusqu’à 1 heure de l’après midi. Toutes les dix minutes les policiers me frappaient pour m’empêcher de dormir. Je leur ai demandé un peu d’eau et à manger parce que j’avais faim et soif. Ils m’ont dit qu’il n’y a pas d’eau, ni à manger pour les Polisarios.
Puis l’un d’entre eux est venu pour m’accompagner dans un bureau. Ils voulaient que je signe le procès verbal sans le lire. J’ai refusé. Ils ont retiré le bandeau de sur mes yeux. J’ai lu le procès verbal et je l’ai signé parce que j’étais d’accord avec la façon dont ils avaient écrit mes déclarations. Ils m’ont fait signer 17 fois.
J’ai ensuite été accompagné dans une autre pièce, dans les mêmes conditions qu’avant. Sur le sol, menotté et les yeux bandés. Ils m’ont libéré et dit de partir vers 21h.
Sources : Documents de l’ ASVDH et Agoravox (le témoignage)

Pourquoi ces lourdes peines ?

Début octobre  2010, quelques jeunes Sahraouis, exaspérés par leur vie de sous-citoyens sans cesse réprimés par le colonisateur marocain, ont monté les premières tentes à Gdeim Izik, à une trentaine de km d’El Aaiun, en territoire occupé, en signe de protestation. D’autres Sahraouis se sont joints à eux et c’est bientôt un énorme campement de plus de 4000 tentes et de plus de 20 000 personnes, hommes, femmes enfants, bébés, qui s’étend à perte de vue dans cette partie du désert. Un formidable espoir gagne la population sahraouie. Un camp tour à tour appelé camp de protestation, camp de l’espoir, puis camp de la liberté et de l’indépendance…
Mais le 8 novembre au milieu de la nuit, l’armée et toutes les forces de police marocaine démantèlent  le camp avec une violence inouïe : gaz lacrymogènes, aspersion à l’eau chaude, sirènes, hélicoptères sèment la panique…. On apprend que des militaires ont été tués. 24 Sahraouis sont arrêtés, pour la plupart des militants des droits de l’Homme, présents ou pas au moment des évènements.

Pas des tueurs. Hassan en fait partie.

Ils restent plus de 2 ans en détention préventive à Salé, fréquemment torturés pour arracher des aveux de crimes qu’ils n’ont pas commis. Jugés dans un tribunal militaire. Le verdict, préparé d’avance, sans rapport avec les plaidoiries qui affirment le manque total de preuves, tombe comme une bombe. De lourdes peines allant de 20 ans de prison à perpétuité. Hassan est condamné à 30 ans de prison.

Le 17 novembre 2012  l’ASDHOM   lance  une campagne de parrainages de prisonniers politiques. 67 prisonniers sont maintenant parrainés (sur 177) C’est ainsi que je suis devenue « marraine » de Hassan Dah. 
Je lui ai écrit plusieurs fois, j’ai eu la chance de recevoir une réponse, grâce à un réseau d’amis : il se dit« inébranlable en dépit de la condamnation injuste et des honteuses exactions que nous recevons ici.»... Il « remercie une fois de plus pour le message encourageant »

J'encourage tous les militants des droits de l'Homme à prendre contact avec l'ASDHOM pour demander à parrainer un des ces jeunes hommes pour leur envoyer des bouffées d'espoir et d'amitié. http://www.asdhom.org/

Marie-Jo Fressard
Solidarité Maroc 05
http://solidmar.blogspot.com


dimanche 24 mars 2013

Le Maroc provoque t il l'ONU ?


L'envoyé spécial du Secrétaire général de l'ONU pour le Sahara occidental, Christopher Ross, a poursuivi sa série de réunions aujourd'hui 23 mars 2013 à El-Aaiun occupée avec des représentants des associations sahraouies.

Pendant une heure et demie qu'a duré la réunion, plusieurs points ont été abordés, selon les informations données par les participants présents lors de la rencontre.
M. Ross a rappelé que sa tournée "vise à trouver une solution durable, juste et acceptable pour les deux parties et à promouvoir un nouveau cycle de négociations". Son rôle de médiateur ne consiste pas à proposer des solutions qu'il viendrait tenter d'imposer.
Cela invalide les informations publiées dans la presse marocaine ces derniers jours disant que l'envoyé spécial envisageait de proposer la formule d'une confédération entre le Maroc et le Sahara Occidental.

Les représentants sahraouis des organisations de défense des droits ont démontré, exemples à l'appui, qu'il ne pouvait pas être fait confiance dans la parole du régime marocain. Ils ont souligné que le but des Sahraouis est l'indépendance, et que s'ils sont une poignée à croire en la réussite de l'ONU par des méthodes pacifiques, il est important que l'envoyé spécial sache que la majorité des jeunes sont convaincus que l'indépendance ne se gagnera que par la reprise de la lutte armée.
Les organisations ont informé M. Ross de l'appel à manifestation lancé pour le même jour à 17h30 sur le boulevard Essmara de El Aaiun.

Preuve supplémentaire s'il en est besoin, avant même sa formation, la manifestation a subi une attaque éclair par la police marocaine.
C'est la deuxième fois que M. Ross rencontre les organisations de la société civile sahraouie et la deuxième fois aussi qu'une manifestation pacifique sahraouie est attaquée le même jour. Cela ressemble à un message des autorités marocaines à l'ONU qui pourrait être, "vous faites ce que vous voulez, et nous aussi", y compris violer les droits fondamentaux des populations.

En effet, coïncidence ou non, M Dadach Sidi Mohamed, Hassanna Duihi, Degja Lachgar et Med Saleh Dailal qui ont assisté à la réunion avec M Ross le matin ont été délibérément ciblés et sont gravement blessés selon leurs proches.

Les forces de l'ordre marocaines, en plus de la violence physique sur les femmes sahraouies, leur ont imposé l'humiliation de les déshabiller de force dans la rue. Mlle Sultana Khaya chef de l'observatoire des ressources naturelles et de défense des droits de l'homme à Boujdor a été battue en pleine rue, puis amenée à bord d'une voiture de police, insultée, frappée encore. Les policiers lui ont enlevé son pantalon de force puis l'ont abandonnée dans cette tenur en dehors de la ville. C'est la première  fois que ce traitement dégradant et humiliant est appliqué à une femme.
Trois  autres  activistes, Mme Mina Aba'ali, Mlle Laila Lili et Mlle Salha Boutngiza, ont été elle aussi attaquées par les policiers qui leur ont retiré leur pantalon de force en plein public.

Selon nos correspondants, le président du Conseil National des droits de l'homme, section El aaiun Smara, inquiet de la situation des victimes, a été interdit par les policiers d'entrer dans l'hôpital Hassan Ben Elmehdi où il pensaient que de nombreux blessés ont demandé assistance.

Leila Lili, Hassana Duifi et Bechri Bentaleb sont allés chercher de l'aide dans cet hôpital qui a refusé de les soigner. Les soignants n'ont même pas diagnostiqué la gravité des blessures, et les ont renvoyé chez eux.
Selon d’autres sahraouis blessés interrogés par nos correspondants, ils n'iront pas à l'hôpital se faire soigner par peur du harcèlement ou des arrestations. L'hôpital est encerclé par les forces de polices marocaines.

Une estimation provisoire fait état de plus de 50 Sahraouis blessés à 21h30. (heure locale)

EM, El Aaiun, Sahara Occidental occupé
Le 23/03/2013

Voir photos et vidéos : https://www.facebook.com/EquipeMedia2010?fref=ts 



   

jeudi 21 mars 2013

Jeunes Sahraouis de France : Opération métro parisien


Les jeunes sahraouis de France ont entreprit  il y a quelques temps « l’opération métro parisien ».Opération qui consiste à se déplacer en transport en commun dans la capitale française afin de distribuer des tracts et d’informer les français sur ce qui se passe au Sahara Occidental.

Aujourd’hui, mercredi 20 mars 2013, nous avons passé deux heures dans les différentes lignes de métros, afin de distribuer les tracts  reprenant en bref l’histoire du Sahara Occidental et le sort des 24 prisonniers politiques de Gdeim Izik. 

A midi, nous nous sommes rendus au Sénat dans le but de sensibiliser les français d’une part, mais aussi afin de croiser des députés ou sénateurs ; l’occasion pour nous d’échanger avec eux.

Ce fut effectivement le cas, nous avons rencontrés des membres du Parti Communiste Français. Ces derniers nous ont chaleureusement  salués et nous ont apportés leur soutien. 
Nous avons pu échanger avec eux et ils nous ont aidés lors de la distribution. Ce fut une chance pour nous, d’autant plus qu’ils étaient très sympathiques. 

De plus, nous avons senti que nous n’étions pas seuls et qu’il existe en France des personnes impliquées dans la cause saharaouie. Meriem Derkaoui , membre du conseil national du PCF, a rédigé un article sur la question saharaouie qui fut publié dans le journal l’Humanité ce 20 mars.

L'équipe JSF, le 21 mars 2013