Appel
pour la libération immédiate des prisonniers politiques sahraouis
du
groupe de Gdeim Izik
Les 21 prisonniers politiques sahraouis du groupe de
Gdeim Izik sont incarcérés à Rabat-Salé, au Maroc, depuis novembre 2010,
bientôt 6 ans, à plus de mille kilomètres de leurs lieux de résidence et de
leurs familles, à plus de mille kilomètres de l’endroit où ils sont censés
avoir commis les faits qui leur sont reprochés : le Sahara occidental,
territoire non autonome occupé de force par le régime marocain depuis 1976.
En février 2013, leur procès devant un tribunal
militaire a eu lieu à Rabat. Ils y furent condamnés à de très lourdes peines
(de 20 ans à perpétuité), sans autre preuve que des aveux obtenus sous la
torture, sans témoins, sans indice matériel, sans autopsie des corps des
victimes, avec le refus du Président du tribunal de donner suite à leurs
dénonciations de tortures et de viols. Un jugement inéquitable, dénoncé par de
nombreux observateurs au procès, par les ONG comme Amnesty International, Human
Rights Watch, l’Association Internationale des Juristes Démocrates, le Réseau
Euro-Méditerranéen des Droits de l’Homme, en France par l’ACAT (Action des
Chrétiens pour l’Abolition de la Torture), le MRAP (Mouvement contre le Racisme
et pour l’Amitié entre les Peuples) ou le CCFD (Comité Catholique contre la
Faim et pour le Développement), et par les associations marocaines de défense
des droits humains, l’AMDH et l’ASDHOM.
Mais cette injustice est amplifiée par d’autres
éléments : les pourvois en cassation déposés par les avocats au lendemain
du procès auraient dû, selon le code de procédure pénale marocain lui-même,
être instruits dans un délai maximal de trois mois. Ce n’est finalement que le
27 juillet dernier, soit plus de trois ans plus tard, que la Cour a annoncé la
cassation du procès. Ce maintien prolongé en détention, sans justification, est
inique.
Il y a ensuite la motivation donnée à la cassation du
procès de 2013: l’incompétence de la juridiction militaire. Or, si incompétence
il y a, elle existe depuis l’origine, c’est-à-dire depuis le mandat d’amener
d’El Aïoun à Rabat émis par un juge d’instruction militaire ; ce mandat
est donc nul et non avenu pour les 21 détenus, de même que le mandat de dépôt émis
lui aussi par le juge d’instruction militaire.
Après cette annonce de la cassation, le maintien en
détention des 21 de Gdeim Izik est donc totalement arbitraire. C’est pourtant
le moment qu’a choisi l’administration centrale des prisons marocaines pour
déménager le 31 août, sans préavis, les militants sahraouis vers la prison d’El
Aarjate, située à une dizaine de kilomètres, sans ménagement, en particulier
pour leurs conditions de santé, et en confisquant leurs quelques biens. Leurs
familles, qui avaient droit de visite quotidienne à la prison de Salé 1, ne
l’auront plus qu’une fois par semaine d’après ce qui leur a été dit.
Bref, de nouvelles brimades et humiliations pour des
prisonniers politiques dont le seul « crime » avéré est d’être actifs
en faveur de l’autodétermination du peuple du Sahara occidental, et alors que
tout ce que l’appareil judiciaire marocain a tenté de mettre en place est
frappé d’invalidité. Les faux semblants ne servent qu’à gagner du temps. Ils
doivent cesser.
Les 21 prisonniers du Groupe de Gdeim Izik doivent être libérés
immédiatement et sans condition !
Premières associations signataires, le 7 septembre 2016 :
Association de la Communauté
sahraouie en France, Association des Sahraouis en France, AFAPREDESA (Association des Familles de prisonniers
et disparus sahraouis), AFASPA (Associations française d’Amitié et de
Solidarité avec les Peuples d’Afrique), Association des Amis de la République
Arabe Sahraouie Démocratique, Droit Solidarité, Plateforme
pour la solidarité avec le peuple du Sahara occidental, CORELSO (Comité pour le
Respect des Libertés et des droits humains au Sahara occidental), MRAP
(Mouvement contre le Racisme et pour l’Amitié entre les Peuples)