Le 25 janvier, le journal Akhbar Alyoum publie que Aziz
Jaaïdi, garde du corps personnel du roi Mohammed 6 depuis 1999, n'est plus le
patron de la direction de la sécurité des palais royaux. Selon différents médias
il semblerait qu’il ait fait une faute de Protocole lors de la dernière visite
du roi du Maroc à El Aaiun occupée. Faute à El Aaiun donc punition à El Aaiun ?
C’est Abdellatif
Hammouchi, le directeur général de la
Sûreté nationale qui lui aurait signifié qu’il était affecté à la préfecture
d’El Aaiun, sans responsabilités précises.
Aziz Jaaïdi a bien probablement oublié d’embrasser une
babouche !
Selon le site web rue20.com, une rivalité entre les
services marocains serait derrière la rumeur de la punition du garde du corps
du roi Aziz Jaaidi. La DGSN a, elle, dénié le bannissement de Jaaidi à El Aaiun,
par le biais de journaux et sites web marocains.
Néanmoins, si cela s’avère, il ne faut pas que ce
monsieur Jaaidi s’inquiète trop.
Le Sahara Occidental, son désert, sa chaleur et ses
tempêtes de sable, est, pour les responsables sécuritaires marocains, une
punition royale privilégiée, ou un terrain de formation efficace parce que la
réputation du territoire occupé concurrence l'académie de Police de Kenitra,
tant le peuple sahraoui est particulièrement indocile, féroce, citoyen, et non
sujet de sa majesté.
Mais la punition a son paradoxe. Ceux qui y tiennent un
peu ou des années et y acquièrent une bonne pratique répressive et violente
sont réintégrés ou honorés de fonctions importantes à leur retour au Maroc.
Concrètement, de nombreux officiers de police,
RG, gendarmerie ou FAR qui ont été impliqués dans des violences
contre les Sahraouis ont ensuite été gradés au Maroc.
Par exemple pour la vague des punis de 2010.
Le roi du Maroc envoie le puni Hamid Chanouri - alors
préfet de Tetouan au nord du Maroc
- à Dakhla, au sud du Sahara Occidental
occupé. Il a, lui aussi, fait des fautes de protocole. La babouche gauche probablement
mal embrassée. Il ne tient que quelques jours au Sahara Occidental et remonte
dans le nord pour devenir gouverneur de la province d’Inzigan-Ait Melloul. Une
promotion donc.
Salah Boukhlal, chef de la zone sécuritaire de l’aéroport de Med 5 à
Casablanca est envoyé à l’aéroport d’El Aaiun. Il avait fait son travail, et arrêté
le bon fils du président sénégalais Abdolai Ouad et l’avait placé en garde à
vue, mais sans consultation avec ses supérieurs.
Il reste 6 mois à El Aaiun puis il retrouve sa place de chef
de la zone sécuritaire de l’aéroport de
Med 5.
Mohamed Taher, divisionnaire à la préfecture et
vice préfet de Casablanca, fait
une faute et est envoyé à Essmara occupée. Il y passe 3 mois puis revient lui
aussi à sa place. Pas de promotion pour les deux derniers, mais finalement un
petit tour au soleil, une cure de vitamine D.
Et pour ceux de « l’école sécuritaire» du
Sahara Occidental, on peut citer Hariz Aarbi, le tortionnaire marocain le plus
connu, chef de renseignements généraux à El Aaiun et tortionnaire au PCCIMI de
1881 à 2003, puis divisionnaire de la police à Dakhla 2003 à 2010, il devient ensuite
le préfet de Temara où il est depuis 2010.
Hamid Bahri, un des commissaires de la préfecture de
police à El Aaiun impliqué lui aussi dans des violations contre les Sahraouis depuis
1999, est, en 2011, gradé et nommé chef
du district de police d’Aïn Chok-Hay Hassani puis de Casablanca-Anfa.
Il faudra donc juste à Aziz Jaaïdi de se garder de
l’alcool qui coule à flot au Sahara Occidental par les bons soins de son
employeur colonisateur, pour ne pas subir le sort de Abdelaziz Anouch, officier
de police judiciaire mort en 2009 dans un accident de voiture alors qu’il était
dans un état d’ébriété important, après avoir sévi extrêmement violemment contre
les Sahraouis depuis 1989.
Équipe Média, El Aaiun, Sahara Occidental occupé
Le 29 janvier 2016