Ce documentaire remarquable capte le quotidien de ces réfugiés qui croupissent aux portes de leur propre pays, tout en retraçant l'histoire doublement coloniale de la guerre larvée que Rabat livre depuis 1975 à leur principal représentant, le Front Polisario. Ancienne colonie espagnole, le Sahara occidental est en effet depuis quarante ans une colonie marocaine.
Pourrissement
Ancienne colonie espagnole évacuée par Madrid en 1975, le Sahara occidental (266 000 km²) est alors partagé : deux tiers au nord pour le Maroc et un tiers au sud pour la Mauritanie, au grand dam des populations représentées par le Front Polisario. Créé en 1973, celui-ci proclame l’indépendance de la région. Mais Hassan II envoie des Marocains coloniser ce qu’il considère comme la province méridionale naturelle du royaume, avant de lancer une offensive armée, appuyée par des bombardements massifs, contre les Sahraouis. Nombre d’entre eux fuient vers l’Algérie, et 25 000 personnes périssent au cours de cet exode. En août 1979, le nouveau gouvernement mauritanien cède au Polisario sa partie, mais le Maroc s’empresse de l’occuper. Le Polisario continue de résister, jusqu’à ce que l’ONU négocie un cessez-le-feu en 1991. Bientôt, le Maroc érige un mur pour isoler les Sahraouis sur les 20% du territoire qu’ils contrôlent. La MINURSO (Mission des Nations Unies pour l'organisation d'un référendum au Sahara occidental) patrouille depuis dans la zone litigieuse et le référendum est sans cesse repoussé. En mars dernier, l’envoyé spécial du Secrétaire général des Nations unies est revenu dans les camps de réfugiés pour une mission de bons offices avant une énième réunion du Conseil de sécurité prévue en avril, pour trouver enfin une issue au conflit.