Les compagnies pétrolières irlandaise et britannique San Leon et Longreach ont annoncé que des études sismiques seront menées au Sahara Occidental à partir de juillet 2011. L'étude portera sur 600 km d'analyses sismiques sur chacun des permis de Tarfaya et de Zag. Les deux blocs sont principalement situés dans les territoires occupés du Sahara Occidental, où la recherche pétrolière a lieu en violation du droit international.
Le contrat est attribué à Novaseis, une compagnie de services sismiques nouvellement créée et appartenant à San Leon. Novaseis, basée à Varsovie, est une filiale à 100% de la société néerlandaise Island Oil and Gas B.V, acquise l’année dernière par San Leon lors de sa prise de contrôle de son partenaire irlandais Island Oil and Gas.
"Nous avons trouvé une solution appropriée aux coûts élevés de la réalisation de nos prévisions de programmes d'acquisition sismique. Grâce à notre filiale en propriété exclusive, Novaseis Sp. z o.o, nous avons créé une société d'acquisition sismique utilisant une technologie sans fil de OyoGeospace (USA) et des vibrateurs de Sercel (France). Novaseis effectuera ses premières opérations au Maroc avant de retourner en Pologne, où nous espérons une augmentation de l’activité d'exploration dans tout le pays… » a déclaré San Leon dans le rapport d’audit final de 2010, publié le 29 juin 2011.
San Leon projette que Novaseis deviendra une " filiale lucrative autonome qui offrira principalement des services au Groupe San Leon pour le développement rapide des actifs polonais et fournira des services à des tiers quand il en aura la capacité ", selon le rapport.
Focus sur la Pologne
Il semble que la présence de San Leon en Pologne a contribué au financement du lancement de cette année de programme d'exploration controversé du Sahara Occidental. La société irlandaise détient des droits dans six licences en Pologne, trois d'entre elles situées sur la région souvent mentionnée du nord du Bassin Baltique en Pologne. Ce bassin pourrait être la raison de l'investissement de George Soros dans l'entreprise qui fait de l'exploration pétrolière hautement immorale au Sahara Occidental occupé.
En 2010, les entreprises de San Leon, Island et Longreach ont entrepris une importante restructuration du groupe. Dans le même temps, un fond spéculatif du multimilliardaire George Soros s’est intéressé à la géologie de la Pologne, où le groupe avait un bastion.
L'intérêt pour la Pologne peut s’expliquer. Selon un récent rapport de l'Administration Information Energie du département américain de l'Énergie, la Pologne compte 5,3 billions de mètres cubes de gaz de schiste naturel, égal à plus de 300 années de consommation en gaz selon le besoin annuel. Il s'agit de la plus grande quantité de gaz de schiste présent dans un État européen dans une étude sur 32 pays, selon l'agence.
Le fonds Soros a acheté des actions successivement dans des entreprises mineures explorant le gaz de schiste dans le nord de la Pologne. Les investissements de Soros ont été fait via Partenaires Quantum LP, une filiale du Fonds spéculatif Soros Fund Management. Pendant l'automne de 2010, Quantum a réalisé les investissements suivants:
- BNK Petroleum, 22% des actions («BNK dit qu'il va utiliser le profit du placement privé pour ses affaires, y compris les engagements sur ses concessions de gaz de schiste européen»)
- Realm Energy, 19,5% des actions ("Le produit net du placement privé sera utilisé pour poursuivre l'évaluation technique et l'acquisition du gaz de schiste et de schiste bitumineux dans toute l'Europe continentale et aux fins générales du fonds de roulement.")
- Aurélien Oil and Gaz, 4,36%
Depuis le 6 janvier 2011, Quantum est devenu propriétaire de 22,6% de la part de l’explorateur Léon San du Sahara Occidental. BNK, Realm et San Leon détiennent ensemble les intérêts d’au moins 8 licences dans la région du Bassin Baltique de gaz de schiste.
San Leon doit partir
Après le placement de Soros, San Leon avait des fonds pour établir sa filiale sismique en Pologne, en mars 2011. Cette nouvelle filiale est désormais en contrat avec la société mère pour les travaux dans les territoires occupés du Sahara Occidental avant que les études sismiques du bassin de la Baltique ne commencent.
Les gisements potentiels de gaz de schiste de la Pologne pourrait donc être devenus un atout majeur pour l'entreprise qui voulait continuer son programmes d'exploration du pétrole et de gaz au Sahara Occidental occupé.
Nous appelons San Leon à démontrer son attachement au droit international et aux droits humains par le suspension de son implication dans le Sahara Occidental et le non renouvellement des activités de l'entreprise jusqu'au règlement du conflit sur le Sahara Occidental », a déclaré Western Sahara Resource Watch, Western Sahara Action Ireland et la Fondation polonaise Fundacja "Afryka Inaczej" dans une lettre à San Leon le 20 juillet.
«En collaborant avec un occupant illégal dans un territoire qui fait l'objet de négociations soutenues par les bons offices du Secrétaire Général de l’ONU, San Leon agit illégalement de façon irresponsable, et augmente sérieusement le risque de nouveaux conflits armés, de déstabilisation et de souffrance dans la région du Maghreb ", indiquait la lettre, en soulignant que le Sahara Occidental ne fait pas partie du Maroc, et que la population locale a le droit à l'autodétermination. Le courrier fait aussi référence à un avis juridique clé de l'ONU, indiquant que l'exploration des hydrocarbures au Sahara Occidental serait en violation du droit international.
Lire la lettre complète ici. Une lettre similaire a été envoyée à Longreach.
Depuis juin 2011, le gestionnaire d'actifs BlackRock a suivi les pas de Soros, et acheté 12,1 pour cent des actions de San Leon. Au total, les trois dirigeants de San Leon, Oisin Fanning, Phillip Thompson et Paul Sullivan controlent aujourd'hui 22,29 pour cent.
Soros Fund Management LCC est une société de services financiers qui aurait de gros investissements dans les transports, l'énergie, détail, financières et autres industries. Selon l’éditeur Institutuional investor, en 2011 Soros Fund Management avait 27,9 milliards de dollars d'actifs sous gestion.
Abandon de l’Arabie
Jusqu'à l'année dernière, avant l’entrée des nouveaux propriétaires de San Leon, le groupe d’entreprises du Royaume-Uni et d’Irlande opérant au Sahara Occidental était dépendant financièrement du soutien financier de Badr Al-Aiban, qui à travers son entreprise Platinium Petroleum contrôlait +/- 30% de Island Oil.
L'homme d'affaires connu a attiré l'attention lorsqu’une de ses entreprises, Delta Oil, a été impliqué dans une affaire douteuse dans les années 90. Delta est devenue connu quand ses dirigeants ont pris part à des pourparlers avec les talibans pour un pipeline de gaz naturel. Le pipeline prévu, devait transporter de gaz des zones de la mer Caspienne du dernier dictateur de Turkménistan Niazov, jusqu’à un port au Pakistan, à courte distance des marchés asiatiques en expansion et demandeurs d'énergie.
Jusqu'au jour où les américains ont commencé le bombardement des camps d'entraînement terroristes en Afghanistan, les partenaires pétroliers pro-talibans ont appuyé le changement de régime Talibani.
Delta a même financé le voyage d’une délégation de talibans à La Mecque, selon le livre Oil and Petrol du journaliste Steve Levine. Même après l'invasion américaine de l'Afghanistan, Delta a conservé son idée. "Il y a encore beaucoup de gaz qui a besoin de trouver un marché", a déclaré Phil Beck, le directeur de Delta Oil, au sujet de gisements de gaz du dictateur turkmène, selon le magazine Pipeline World en avril 2002.
Beck a travaillé pour Delta plus de 10 ans, en partie comme chef de l'exploitation, et a servi de cadre supérieur dans Unocal (principalement sur la mer du Nord) - l'autre entreprise en pourparlers avec les talibans. Plus tard, M. Beck, il est devenu directeur de Island Oil and Gas. En novembre 2010, Platinum n'était plus propriétaire de l'entreprise, mais Al-Aiban contrôlait 3,8% des parts de San Leon.
Durant les dernières années, le financement de San Leon par la Banque sud-africaine Rand Merchant Bank a cessé en 2008, après des critiques. En 2009, la compagnie sismique norvégienne PGS est devenu propriétaire de San Leon, avec 2,6% des actions, mais a reçu l'assurance de San Leon qu'aucun de leurs fonds ne seraient utilisés pour développer la capacité de San Leon à effectuer des explorations au Sahara Occidental.
WSRW