Sahara Occidental : "Une occupation coloniale qui dure depuis 40 ans"
Interview de l'association APSO
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Un entretien très important avec François de l’association APSO, Amis du
Peuple du Sahara Occidental, une association
française qui a pour but de faire connaitre la tragédie de l’occupation
marocaine du Sahara Occidental. L’association représente une source
d’information essentielle sur ce pays tombé dans l'oubli. ProMosaik e.V. vient de
parler avec François pour lui poser de questions sur l’association et ses
activités, sur la situation du pays et sur les similarités avec
la PALESTINE. Il faut lutter pacifiquement pour permettre la décolonisation du
Sahara Occidental et son indépendance. Au nom de l’anti-impérialisme il faut
s’opposer à cette occupation et à l’injustice. Et il faut aider les prisonniers
politiques sahraouis.
Milena: ProMosaik voit la question du Sahara Occidental comme une question coloniale. Le peuple du Sahara Occidental a le droit de vivre en liberté et dans son identité culturelle. Que vous pensez de cela ?
François
: Votre formulation est intéressante, parce que dans la question
sahraouie, ce que nous pensons ou considérons personnellement n’est pas
très important puisque c’est une question de droit international.
Les Nations Unies disent et répètent depuis 1963 que le Sahara
Occidental est un territoire à décoloniser et que le peuple sahraoui,
qui l’a toujours revendiqué, a le droit d’autodéterminer son avenir et
celui des ressources de sa terre, ce qui veut dire aussi le droit de
choisir pour l’indépendance. Choisir de parler sa langue, la Hassanya,
et de vivre selon sa culture ancestrale nomade…
Le Sahara Occidental était depuis 1884 une colonie espagnole. Le
mouvement de décolonisation de l’Afrique valait aussi pour ce
territoire. La Cour Internationale de Justice l’a réaffirmé en 1975
juste avant l’invasion du territoire par le Maroc et la Mauritanie.
L’Assemblée Générale de l’ONU l’a répété en 1979 quand la Mauritanie
s’étant retirée et ayant reconnu la République Sahraouie, le Maroc a
persisté dans son occupation militaire et a tenté d’envahir tout le
territoire, en construisant dans les années 80 un mur de défense qui
fait maintenant plus de 2500 km de long.
La charte de l’ONU, et particulièrement le chapitre 73 (chapitre XI) pose précisément les devoirs des colonisateurs, envers le peuple, envers la terre et les ressources qu’ils occupent. Ils « reconnaissent le principe de la primauté des intérêts des habitants de ces territoires. Ils acceptent comme une mission sacrée l'obligation de favoriser dans toute la mesure possible leur prospérité, dans le cadre du système de paix et de sécurité internationales établi par la présente Charte » … voir http://www.un.org/fr/documents/charter/chap11.shtml
Chaque année, l’ONU répète donc que les Sahraouis ont le droit à s’autodéterminer, et jamais le référendum d’autodétermination n’a encore eu lieu. Le blocage vient du Maroc qui, depuis la signature du cessez le feu en 1991 dont c’était la condition, ne tient pas l’engagement pris. Si l’ONU a pris en compte cette volonté de destin sahraoui, c’est que le peuple l’a manifesté, qu’il s’est organisé. En effet, les mouvements de résistance des Sahraouis - quelques soient leurs formes - contre les envahisseurs ont toujours existé, d’abord contre l’Espagne, puis contre les deux nouveaux occupants. Maroc et Mauritanie.
En 1973, les Sahraouis refondent un mouvement de résistance qu’ils appellent le front Polisario, Front pour la libération de Saguia el Hamra et Rio de Oro. En 1976, au lendemain de l’annonce officielle de son départ par l’Espagne, les Sahraouis proclament en exil leur République, la RASD.
Géographiquement, le territoire dont les frontières sont internationalement reconnues est actuellement et depuis la fin des années 80, coupé en deux par le mur évoqué plus haut. C’est un mur militaire marocain, technologiquement très équipé, un mur de défense de la partie dans laquelle le Maroc exploite et pille pour son compte les ressources naturelles du Sahara Occidental. Là encore le droit international ne laisse pas matière à interprétation.
En 2002, Hans Corel, conseiller juridique et secrétaire général adjoint de l’ONU a rendu un avis portant spécialement sur les ressources minérales du Sahara Occidental, leur exploration et exploitation, reprenant les règles du droit international. Sa conclusion était que pour utiliser les ressources naturelles du territoire sahraoui il fallait l’avis et l’autorisation du peuple et que cela soit pour son bénéfice. Cela vaut pour toutes les ressources du territoire. Cette partie occupée représente les ¾ du territoire à l’ouest, côté océan. La partie gérée par les Sahraouis est à l’est, côté désert.
Le territoire dans son ensemble est encore largement pollué des restes de la guerre, mines terrestres et autres engins explosifs, et donc très dangereux. Le mur est un vrai mur, qui sépare les familles sahraouies qui vivent sur leur terre, ou en territoire libéré et à proximité en exil en Algérie comme réfugiés. Concrètement donc les Sahraouis vivent actuellement dans les territoires libérés, en exil, ou dans les territoires occupés militairement par le Maroc, à l’ouest du mur.
De 160 à 200 000 Sahraouis vivent dans les campements de réfugiés, dans le désert salin et aride du sud ouest algérien, proche de la ville de Tindouf, en total dépendance de l’aide humanitaire internationale et dans des conditions extrêmes, 50° d’amplitude thermique, aucune végétation… En territoire occupé, les Sahraouis qui revendiquent leur nationalité le font au risque de leur liberté et parfois de leur vie. Les discriminations par la puissance coloniale sont quotidiennes dans tous les domaines, et les droits humains des Sahraouis bafoués dans tous leurs articles, nous en parlerons plus après dans ce texte.
Cette situation bloquée depuis 40 ans est possible parce que les puissances occidentales la tolèrent et ne font pas suffisamment prévaloir l’impératif du respect du droit international. La France notamment, tout en affirmant que le conflit doit se régler dans le cadre du plan de paix de l’ONU soutient tacitement le Maroc, même au pire de ses exactions, et sans aucune cohérence avec les valeurs nationales de notre pays des droits de l’homme.
La charte de l’ONU, et particulièrement le chapitre 73 (chapitre XI) pose précisément les devoirs des colonisateurs, envers le peuple, envers la terre et les ressources qu’ils occupent. Ils « reconnaissent le principe de la primauté des intérêts des habitants de ces territoires. Ils acceptent comme une mission sacrée l'obligation de favoriser dans toute la mesure possible leur prospérité, dans le cadre du système de paix et de sécurité internationales établi par la présente Charte » … voir http://www.un.org/fr/documents/charter/chap11.shtml
Chaque année, l’ONU répète donc que les Sahraouis ont le droit à s’autodéterminer, et jamais le référendum d’autodétermination n’a encore eu lieu. Le blocage vient du Maroc qui, depuis la signature du cessez le feu en 1991 dont c’était la condition, ne tient pas l’engagement pris. Si l’ONU a pris en compte cette volonté de destin sahraoui, c’est que le peuple l’a manifesté, qu’il s’est organisé. En effet, les mouvements de résistance des Sahraouis - quelques soient leurs formes - contre les envahisseurs ont toujours existé, d’abord contre l’Espagne, puis contre les deux nouveaux occupants. Maroc et Mauritanie.
En 1973, les Sahraouis refondent un mouvement de résistance qu’ils appellent le front Polisario, Front pour la libération de Saguia el Hamra et Rio de Oro. En 1976, au lendemain de l’annonce officielle de son départ par l’Espagne, les Sahraouis proclament en exil leur République, la RASD.
Géographiquement, le territoire dont les frontières sont internationalement reconnues est actuellement et depuis la fin des années 80, coupé en deux par le mur évoqué plus haut. C’est un mur militaire marocain, technologiquement très équipé, un mur de défense de la partie dans laquelle le Maroc exploite et pille pour son compte les ressources naturelles du Sahara Occidental. Là encore le droit international ne laisse pas matière à interprétation.
En 2002, Hans Corel, conseiller juridique et secrétaire général adjoint de l’ONU a rendu un avis portant spécialement sur les ressources minérales du Sahara Occidental, leur exploration et exploitation, reprenant les règles du droit international. Sa conclusion était que pour utiliser les ressources naturelles du territoire sahraoui il fallait l’avis et l’autorisation du peuple et que cela soit pour son bénéfice. Cela vaut pour toutes les ressources du territoire. Cette partie occupée représente les ¾ du territoire à l’ouest, côté océan. La partie gérée par les Sahraouis est à l’est, côté désert.
Le territoire dans son ensemble est encore largement pollué des restes de la guerre, mines terrestres et autres engins explosifs, et donc très dangereux. Le mur est un vrai mur, qui sépare les familles sahraouies qui vivent sur leur terre, ou en territoire libéré et à proximité en exil en Algérie comme réfugiés. Concrètement donc les Sahraouis vivent actuellement dans les territoires libérés, en exil, ou dans les territoires occupés militairement par le Maroc, à l’ouest du mur.
De 160 à 200 000 Sahraouis vivent dans les campements de réfugiés, dans le désert salin et aride du sud ouest algérien, proche de la ville de Tindouf, en total dépendance de l’aide humanitaire internationale et dans des conditions extrêmes, 50° d’amplitude thermique, aucune végétation… En territoire occupé, les Sahraouis qui revendiquent leur nationalité le font au risque de leur liberté et parfois de leur vie. Les discriminations par la puissance coloniale sont quotidiennes dans tous les domaines, et les droits humains des Sahraouis bafoués dans tous leurs articles, nous en parlerons plus après dans ce texte.
Cette situation bloquée depuis 40 ans est possible parce que les puissances occidentales la tolèrent et ne font pas suffisamment prévaloir l’impératif du respect du droit international. La France notamment, tout en affirmant que le conflit doit se régler dans le cadre du plan de paix de l’ONU soutient tacitement le Maroc, même au pire de ses exactions, et sans aucune cohérence avec les valeurs nationales de notre pays des droits de l’homme.
Milena : Quel sont les objectifs principaux de votre organisation ?
François
: APSO, les Amis du Peuple du Sahara Occidental, est une association
française de solidarité avec les Sahraouis,
Nous avons deux axes, l’information et la solidarité directe aux
Sahraouis.
Nous informons les francophones sur la question du Sahara Occidental par
des textes d’actualité ou d’analyse publiés sur les blogs Apso, des
contributions dans des médias engagés ou sans concessions comme les
vôtres. Nous venons aussi de contribuer à un dossier Sahara Occidental
qui paraitra dans le prochain Afrique en Lutte ». Nous assurons des conférences pour tous publics et sur les différents domaines de nos interventions, des débats…
Nous avons aussi réalisé et produit un film documentaire « L’autre côté du mur » (2011) grâce aux compétences d’un de nos membre, Denis Véricel. Ce film documentaire est un support que nous utilisons pour nos conférences, et qui peut aussi s’acquérir en DVD pour des projections privées de ceux que ça intéresse. Et nous avons publié cette année un ouvrage collectif rassemblant des textes que des spécialistes et témoins directs ont écrit à notre demande, c’est « Lutter au Sahara ». C’est aussi Denis qui a coordonné cet énorme travail. Nous y consacrons une partie de cet article plus loin.
La solidarité directe avec les Sahraouis est multiforme, et tient compte de ce que nous avons des compétences mais très peu de moyens financiers. Nous partageons donc avec les Sahraouis connaissances et expériences, avec ceux qui sont en exil en France, dans les campements de réfugiés, où nous soutenons plus particulièrement les démarches en direction de la jeunesse, ou en territoire occupé où nous soutenons les média locaux sahraouis. Nos thématiques d’intervention sont le sport, les arts, les sciences, la culture, les ressources naturelles, l’information et les problématiques jeunesses, la question en général…
Nous avons aussi réalisé et produit un film documentaire « L’autre côté du mur » (2011) grâce aux compétences d’un de nos membre, Denis Véricel. Ce film documentaire est un support que nous utilisons pour nos conférences, et qui peut aussi s’acquérir en DVD pour des projections privées de ceux que ça intéresse. Et nous avons publié cette année un ouvrage collectif rassemblant des textes que des spécialistes et témoins directs ont écrit à notre demande, c’est « Lutter au Sahara ». C’est aussi Denis qui a coordonné cet énorme travail. Nous y consacrons une partie de cet article plus loin.
La solidarité directe avec les Sahraouis est multiforme, et tient compte de ce que nous avons des compétences mais très peu de moyens financiers. Nous partageons donc avec les Sahraouis connaissances et expériences, avec ceux qui sont en exil en France, dans les campements de réfugiés, où nous soutenons plus particulièrement les démarches en direction de la jeunesse, ou en territoire occupé où nous soutenons les média locaux sahraouis. Nos thématiques d’intervention sont le sport, les arts, les sciences, la culture, les ressources naturelles, l’information et les problématiques jeunesses, la question en général…
Milena
: ProMosaik part de l’idée que pour changer quelque chose il faut de
l’information engagée, et qu’il faut se mettre en réseau. Comment est-ce
que vous pratiquez ça dans votre organisation ?
François
: APSO est une association et un réseau. Nous essayons de partager
entre nous les actions que nous menons, les courriers, documents, nos
expériences, connaissances… ce que nous produisons. Il nous semble plus
efficace de ne pas toujours refaire un travail déjà fait, et de garder
l’énergie pour autre chose. Nous essayons d’entrer en contact avec
d’autres organisations, et de créer et garder des relations, pour
croiser les problématiques et occasions d’action.
Et nous appartenons au réseau international WSRW, Western Sahara
Resource Watch, qui est un observatoire des ressources naturelles du
Sahara Occidental. Nous sommes coordinateurs pour la France et de fait
spécialistes ici de cette question.
Travailler en réseau n’est pas évident, et représente un investissement,
mais qu’il faut effectivement faire pour espérer faire changer les
choses.
Milena
: Parlez à nos lecteurs de votre publication « Lutter au Sahara, du
colonialisme vers l’indépendance au Sahara Occidental ».
François
: « Lutter au Sahara, du colonialisme vers l’indépendance au Sahara
Occidental » est un ouvrage très important, et qui fait référence sur la
question du Sahara Occidental.
L’ouvrage a été édité par APSO en avril 2015, avec les encouragements de
Noam Chomsky. Les auteurs des 15 articles sélectionnés pour cet ouvrage
sont des témoins ou spécialistes directs, qui proposent leur récit ou
analyse. Ce sont : Denis Véricel, Edouardo Galeano, Francesco Bastagli,
Anna Theofilopoulou, Oliver Quarante, Bill Fletcher Jr, Jacob Mundy,
Vincent Chapaux, Ayad Ahram, Juan Soroeta, Jeffrey Smith, Erik Hagen,
Alice Wilson, Tara Deubel, Sebastien Boulay, Mohamed Mouloud Mohamed
Fadel.
Les chapitres et thématiques sont : Géopolitique du conflit, Le Maroc face au Sahara Occidental, Le Droit - Les ressources naturelles, Regards anthropologiques Les titres des textes : Murs, Fragments du Sahara Occidental, La saga du Sahara Occidental continue aux Nations Unies : Un point de vue de l’intérieur, Le rôle de la France, La lutte au Sahara Occidental : dépasser son invisibilité aux États-Unis, Les Colons marocains au Sahara Occidental : Colonisateurs ou cinquième colonne? , Le rôle de la monarchie dans la fabrique de l’opinion publique marocaine, Sur le conflit du Sahara Occidental et les Droits de l’Homme dans la région, Palestine et Sahara Occidental : Analyse comparative des deux conflits et du droit applicable, L’appropriation du Sahara : Le rôle des ressources naturelles dans l’occupation du Sahara Occidental, Le poisson passe avant la paix, Comment sont organisées les élections dans les camps de réfugiés sahraouis?, Identité sahraouie et intégration des minorités : Point de vue des étudiants sahraouis vivant au Maroc, Résister par la culture, résister pour sa culture. La poésie sahraouie face aux politiques d’occupation du Maroc au Sahara Occidental, Notre jeunesse sahraouie.
Après avoir lu l’introduction et le très beau texte d’Eduardo Galeano qui le suit, il est possible de lire le livre dans l’ordre que l’on veut, selon ses intérêts premiers.
Les chapitres et thématiques sont : Géopolitique du conflit, Le Maroc face au Sahara Occidental, Le Droit - Les ressources naturelles, Regards anthropologiques Les titres des textes : Murs, Fragments du Sahara Occidental, La saga du Sahara Occidental continue aux Nations Unies : Un point de vue de l’intérieur, Le rôle de la France, La lutte au Sahara Occidental : dépasser son invisibilité aux États-Unis, Les Colons marocains au Sahara Occidental : Colonisateurs ou cinquième colonne? , Le rôle de la monarchie dans la fabrique de l’opinion publique marocaine, Sur le conflit du Sahara Occidental et les Droits de l’Homme dans la région, Palestine et Sahara Occidental : Analyse comparative des deux conflits et du droit applicable, L’appropriation du Sahara : Le rôle des ressources naturelles dans l’occupation du Sahara Occidental, Le poisson passe avant la paix, Comment sont organisées les élections dans les camps de réfugiés sahraouis?, Identité sahraouie et intégration des minorités : Point de vue des étudiants sahraouis vivant au Maroc, Résister par la culture, résister pour sa culture. La poésie sahraouie face aux politiques d’occupation du Maroc au Sahara Occidental, Notre jeunesse sahraouie.
Après avoir lu l’introduction et le très beau texte d’Eduardo Galeano qui le suit, il est possible de lire le livre dans l’ordre que l’on veut, selon ses intérêts premiers.
Milena
: Comment on peut connecter la question du Sahara Occidental aux autres
mouvements anti-impérialistes comme par exemple en Palestine ? Quels
sont les points communs ?
François
: Les questions sahraouie et palestinienne ont effectivement de grandes
similitudes au regard du droit international. Colonies, pratiques
coloniales, colons, mur, pillage des ressources naturelles, guerre et
bombardements, mines terrestres …
Israël et Maroc assoient leur occupation illégale des territoires de
Palestine et Sahara Occidental sur une violation constante des
résolutions de l'ONU.
L’information est très contrôlée dans les deux cas, les médias ou
délégations d’étrangers ne peuvent travailler ni attester par leur venue
dans les territoires occupés. Une version officielle subjective est
diffusée avec insistance, et reprise au niveau international.
Cette version ne parle jamais de la répression brutale, des enlèvements,
tortures, assassinats, incarcérations arbitraires et abusives… des
infrastructures construites pour les colons et militaires, leurs
présences, leur maintien, bâtiments dans les villes les ports, les
routes et les murs de défense.
Les droits humains violés au Sahara Occidental, que nous avons évoqués ci-dessus, le sont aussi en Palestine. Dans notre ouvrage « Lutter au Sahara, du colonialisme vers l’indépendance au Sahara Occidental », Juan Soroeta propose une analyse comparative des deux conflits et du droit applicable. Cela peut permettre d’approfondir pour ceux qui le souhaitent.
Au niveau populaire, et pour ce que nous avons pu contraster, les Sahraouis rencontrés dans les campements ou en territoire occupé du Sahara Occidental sont très au fait de l’actualité de la Palestine, attentifs, inquiets et solidaires. Nous ne savons pas si la réciproque existe. Les échanges dont nous avons connaissance ont lieu en diaspora. La très belle rencontre entre le réalisateur palestinien devenu anglais, Saeed Tajy Farouki, et l’athlète sahraoui Salah Amaidan, a donné le poignant film « The Runner », Regard d’un Palestinien sur un Sahraoui… En France les nombreux militants de la cause palestinienne sont à l’écoute de ce nous expliquons du problème sahraoui similaire, mais ils ont beaucoup à faire. Peut-être serait-il intéressant de faire plus d’actions - sensibilisations communes, comme une action pour la journée des prisonniers politiques où l’attention avait été attirée conjointement sur Kurdes, Palestiniens et Sahraouis.
Les droits humains violés au Sahara Occidental, que nous avons évoqués ci-dessus, le sont aussi en Palestine. Dans notre ouvrage « Lutter au Sahara, du colonialisme vers l’indépendance au Sahara Occidental », Juan Soroeta propose une analyse comparative des deux conflits et du droit applicable. Cela peut permettre d’approfondir pour ceux qui le souhaitent.
Au niveau populaire, et pour ce que nous avons pu contraster, les Sahraouis rencontrés dans les campements ou en territoire occupé du Sahara Occidental sont très au fait de l’actualité de la Palestine, attentifs, inquiets et solidaires. Nous ne savons pas si la réciproque existe. Les échanges dont nous avons connaissance ont lieu en diaspora. La très belle rencontre entre le réalisateur palestinien devenu anglais, Saeed Tajy Farouki, et l’athlète sahraoui Salah Amaidan, a donné le poignant film « The Runner », Regard d’un Palestinien sur un Sahraoui… En France les nombreux militants de la cause palestinienne sont à l’écoute de ce nous expliquons du problème sahraoui similaire, mais ils ont beaucoup à faire. Peut-être serait-il intéressant de faire plus d’actions - sensibilisations communes, comme une action pour la journée des prisonniers politiques où l’attention avait été attirée conjointement sur Kurdes, Palestiniens et Sahraouis.
Milena : Quelles sont les violations des droits humains les plus importantes en Sahara Occidental ?
François : La première des violations des droits humains des Sahraouis est celle du non respect de l’autodétermination du peuple. De là découlent toutes les autres. En territoire occupé, le colonisateur marocain use de tous les artifices « classiques » d’un occupant pour priver le peuple de sa dignité, pour tenter de le faire disparaître, et par le pillage de ses ressources naturelles en lui confisquant son avenir. Pour développer en quelques lignes, et considérant les 30 articles de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, on peut ajouter les aspects suivants. Les Sahraouis en territoire occupé n’ont donc pas le droit d’exprimer leurs pensées si elles ne suivent pas la ligne officielle marocaine qui nie leur existence. Ils n’ont pas le droit d’utiliser leur langue, de suivre leurs coutumes, de donner à leurs enfants les prénoms qu’ils souhaitent. Ils ne peuvent pas posséder leur terre, choisir librement leur travail et y être traités équitablement, ils ne peuvent développer leur personnalité sous un régime de peur, espionnage et délation…
Certains Sahraouis reçoivent une allocation de survie accordée par le Maroc pour le prix de leur docilité, et à cette condition, leur indignité. La discrimination quotidienne, violence psychologique, côtoie la violence physique sur les Sahraouis. La violence, la torture et l’assassinat, les arrestations et incarcérations arbitraires, les procès truqués, et aveux extorqués sous la torture sont des pratiques courantes. L’iniquité de la justice marocaine garantit de fait l’impunité aux Marocains, policiers, militaires ou civils qui agressent des Sahraouis.
François : La première des violations des droits humains des Sahraouis est celle du non respect de l’autodétermination du peuple. De là découlent toutes les autres. En territoire occupé, le colonisateur marocain use de tous les artifices « classiques » d’un occupant pour priver le peuple de sa dignité, pour tenter de le faire disparaître, et par le pillage de ses ressources naturelles en lui confisquant son avenir. Pour développer en quelques lignes, et considérant les 30 articles de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, on peut ajouter les aspects suivants. Les Sahraouis en territoire occupé n’ont donc pas le droit d’exprimer leurs pensées si elles ne suivent pas la ligne officielle marocaine qui nie leur existence. Ils n’ont pas le droit d’utiliser leur langue, de suivre leurs coutumes, de donner à leurs enfants les prénoms qu’ils souhaitent. Ils ne peuvent pas posséder leur terre, choisir librement leur travail et y être traités équitablement, ils ne peuvent développer leur personnalité sous un régime de peur, espionnage et délation…
Certains Sahraouis reçoivent une allocation de survie accordée par le Maroc pour le prix de leur docilité, et à cette condition, leur indignité. La discrimination quotidienne, violence psychologique, côtoie la violence physique sur les Sahraouis. La violence, la torture et l’assassinat, les arrestations et incarcérations arbitraires, les procès truqués, et aveux extorqués sous la torture sont des pratiques courantes. L’iniquité de la justice marocaine garantit de fait l’impunité aux Marocains, policiers, militaires ou civils qui agressent des Sahraouis.
Milena : Parlez-nous de la souffrance des prisonniers politiques
François
: Il n’est pas facile de parler de la souffrance des prisonniers
politiques sahraouis parce qu’eux-mêmes sont très discrets et pudiques
sur leurs ressentis, leurs vécus et quand nous arrivons à être en
contact direct avec eux, ils s’inquiètent plus volontiers de notre santé
que de nous livrer les difficultés de leur quotidien.
Néanmoins, être condamné pour ses opinions, ou en fonction de ses
opinions politiques est une injustice fondamentale.
Les familles sahraouies ne s’y trompent pas qui fêtent le retour de
leurs parents libérés comme des héros quand ils ont purgé la peine qui
leur a été imposée pour leurs activités en faveur du respect du droit dû
à leur peuple.
Nous savons que les prisonniers sahraouis sont particulièrement
maltraités dans les prisons marocaines. Ils sont incarcérés avec les
prisonniers de droits communs puisque le Maroc nie la présence de
prisonniers politiques – Sahraouis et Marocains – dans ses prisons.
Ils sont brimés, dévalisés, torturés, mis au cachot aux premiers
prétextes…
Des membres de notre association ont plus particulièrement soutenu ou
parrainé des jeunes hommes pour lesquels des articles ont été écrits. Ce
sont Salek Laasairi, condamné à perpétuité, Hassan Dah, condamné à 30
ans après Gdaym Izik, et Saleh Amidan, maintenant libéré après 10 ans de
prison.
Pour Salek, lire http://apsoinfo.blogspot.fr/2014/05/em-38-jours-sans-manger-pour-protester.html et http://ap-so.blogspot.fr/2014/04/destin-brise-double-peine.html, pour Hassan http://apsoinfo.blogspot.fr/2013/03/hassan-dah-sahraoui-prisonnier.html
et pour Saleh http://apsoinfo.blogspot.fr/2012/08/info-em-les-sahraouis-prisonniers.html et
http://apsoinfo.blogspot.fr/2012/09/appel-de-jeunes-prisonniers-au-maroc.html.
Saleh avait fait parvenir un message à son cousin lui aussi incarcéré pour ses actes politiques et sorti avant lui, ce sont quelques mots presque poétiques qui sont lisibles ici :
Les
prisonniers sahraouis de droit commun emprisonnés à la Prison Noire de
El Aaiun, outre des conditions d’incarcérations inacceptables et proches
de l’insalubre, subissent eux aussi des violences de la part des
autorités coloniales. Les journalistes sahraouis de l’Équipe Média en
ont récemment fait état dans un article qui est disponible dans sa
traduction en français en suivant ce lien : http://apsoinfo.blogspot.fr/2015/08/abus-et-violences-la-prison-noire-el.html.Saleh avait fait parvenir un message à son cousin lui aussi incarcéré pour ses actes politiques et sorti avant lui, ce sont quelques mots presque poétiques qui sont lisibles ici :