Depuis le 1 mai 2015, les températures sont exceptionnellement élevées au Sahara Occidental et les problèmes de pénuries d’eau ont commencé dans les villes occupées par le Maroc.
Les coupures fréquentes et sans préavis de la distribution d'eau du robinet par l’Office national de l’eau potable (l’ONEP), dans les villes de El Aaiun, Smara, Bougdour et Dakhla obligent les habitants à s’équiper de pompes pour stocker cette eau dans des réservoirs sur les toits des maisons et à en acheter à des vendeurs privés.
Pour ceux qui le peuvent, une eau potable acheminée par camion citerne s’achète à des prix au moins 10 fois supérieurs à l’eau du robinet.
L’eau du robinet, appelée a‘aiafa est une eau dessalée. Les coupures d’eau a’aiafa, durent de un à quatre jours, et lorsque l’eau se remet à couler, c’est pour 3 ou 4 heures au maximum, à faible débit, ce qui oblige toutes les maisons d’avoir une ou deux citernes de stockage. Les quartiers habités majoritairement par les Sahraouis, Ma’atalah, Lahchicha, Erraha, El Quads, l’Erak et les immeubles 707 subissent ces fréquentes coupures d’eau.
Les quartiers de l’ancienne ville et le quartier El Massira (la marche verte) où habitent les responsables des autorités d’occupation, des officiers de l’armée royale marocaine ou de la police n’ont pas les mêmes problèmes.
L’office nationale marocain de l’eau potable ne prévient jamais des coupures d’eau dans les quartiers sahraouis, ni ne les justifient objectivement ou de façon crédible. En 2009 l’ONEP avait promis de résoudre le problème et de couvrir 90 % des besoins des habitants mais 5 ans après rien n’a changé dans les maisons. Par contre et paradoxalement le conseil municipal d’occupation a fait construire des fontaines luxuriantes qui elles, ne souffrent pas de pénuries.
Depuis l'occupation marocaine en 1975, l’eau fournie par les autorités par réseau et branchements individuels aux habitants des territoires occupés est cette eau non potable appelée a’aiafa, une eau saumâtre, produite par le dessalement de l'eau de la mer. L’a’aiafa, en plus d’être distribuée sans régularité est mauvaise à boire. Elle est utilisée pour le lavage et le bain sauf dans les maisons pauvres qui l’utilisent aussi pour boire et cuisiner.
Une maison de 9 personnes doit pouvoir stocker environ 1300 litres pour espérer couvrir les périodes de pénuries.
Pour avoir de l’eau réellement potable, les habitants d’El Aaiun, Bougdour et Dakhla sont contraints d’acheter de l’eau qui arrive par camions citernes depuis Tan Tan, à 320 kilomètres au nord d’El Aaiun.
Pour indication, l’a’aiafa est facturée mensuellement par l’ONEP, consommation et assainissement, 10 dirham le m3.
Revendue au moyen de citerne, elle coute alors 6 dirhams les 100 litres, soit 60 dirhams le m3. Les propriétaires et chauffeurs des camions qui revendent ainsi l’a’aiafa sont marocains.
Chaque camion achète 5,5 dh le m3 à l’ONEP, place catalunia. Les modalités de paiement sont une avance mensuelle de 10 000 dh, régularisée en fonction du prélèvement réel.
Les inspections sanitaires dépendant du conseil municipal ne semblent pas très rigoureuses étant donné l’état de certains camions en circulation.
Un baril de 100 l d’eau de Tantan coute 60 dh, les camions sont équipés de longs tuyaux et de pompes pour monter l’eau sur les toits. Les propriétaires des sources et des camions sont aussi marocains. Ce sont des entreprises privées.
Un bidon de 5 litre d’eau minérale coute 12 dh dans les boutiques d’alimentation.
Pour faire le thé, les Sahraouis utilisent traditionnellement lghadir, de l’eau de la pluie, mélangé à l’argile, qui est récoltée dans le désert.
Il est évident que les infrastructures de la distribution de l’eau potable sont insuffisantes au Sahara Occidental et que l’occupant marocain n’a aucune intention d’améliorer les conditions de vies dans le territoire où il pille les ressources naturelles, dont l’eau pour l’agriculture et la propagande.
A El Aaiun, les habitants se souviennent des grandes difficultés et problèmes sanitaires de l'été 2014 quand ils ont été privés d'eau pendant plusieurs jours en plein Ramadan et s’inquiètent de voir se profiler les mêmes problèmes.
Equipe Média, El Aaiun occupée
Le 4 juin 2015