L'ancien vice-président de la mission de maintien de la paix de l'ONU au Sahara Occidental, Frank Ruddy, et l'ancien Envoyé personnel du Secrétaire Général de l'ONU pour le Sahara Occidental, Peter Van Walsum, écrivent au président français François Hollande pour lui demander de faire pression pour l'inclusion de la surveillance des droits de l'Homme dans le mandat de la MINURSO.
Dans leur lettre, ils mettent en garde contre les potentiels conflits et l'insécurité au Sahara Occidental si les violations des droits de l'Homme ne sont pas dissuadées.
Voir ci-dessous texte intégral de la lettre.
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Dans leur lettre, ils mettent en garde contre les potentiels conflits et l'insécurité au Sahara Occidental si les violations des droits de l'Homme ne sont pas dissuadées.
Voir ci-dessous texte intégral de la lettre.
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M. François Hollande
Président de la République Française
Palais de l'Élysée
55 Rue du Faubourg Saint-Honoré
75008 Paris
France
1er avril 2014
Monsieur le Président Hollande
Nous vous écrivons du fait de notre
inquiétude croissante au sujet de la situation sécuritaire au Sahara
Occidental, et pour vous demander d’assurer au Conseil de Sécurité de l'ONU un
indispensable pouvoir d’action pour éviter une potentielle crise sécuritaire
dans la région.
En avril 2013, le Secrétaire Général de
l'ONU a publié un rapport sur le Sahara Occidental dans lequel il alerte des
"inquiétudes croissantes qu’inspirait la situation précaire des jeunes
dans les camps de réfugiés près de Tindouf et dans le territoire". Il note
que de nombreux jeunes "se sont déclarés favorables à des actions
radicales comme la reprise des hostilités contre le Maroc". Il nous alerte
d’autre part que "ces exaspérations faisaient des jeunes des cibles
potentielles de recrutement pour les réseaux criminels ou terroristes".
Nous abondons dans le sens du
Secrétaire Général sur l’existence de sérieuses raisons d'inquiétude sur les
sentiments des jeunes sahraouis à la fois dans les camps et dans le territoire
occupé. Nous sommes très préoccupés de ce que ce type de sentiments jette les
bases de futurs potentiels violence, conflit, et même extrémisme et terrorisme.
Nous voudrions attirer votre attention
sur le lien existant entre ces sentiments de frustration et le grand nombre de
violations des droits de l'Homme perpétré par les autorités marocaines contre
les Sahraouis. Le Rapporteur spécial des Nations unies sur la torture, qui a
visité El Aaiun en septembre 2012, a déclaré avoir « reçu des témoignages
crédibles sur la pratique de la torture et des mauvais traitements dans la
prison de [El-Aaiun], notamment les viols, les passages à tabac et la mise à
l’isolement pendant plusieurs semaines, en particulier de détenus accusés de
participation aux activités en faveur de l’indépendance." Il a également
signalé "un modèle d'utilisation excessive de la force dans la répression
des manifestations et dans l'arrestation de manifestants ou de personnes
soupçonnées de participer à des manifestations en faveur de l'autodétermination
de la population sahraouie." Cela n’est qu’un aperçu des graves et continuelles
violations des droits de l'Homme dont sont victimes les Sahraouis. Nous sommes
profondément préoccupés par la colère et le ressentiment causé par ces crimes.
L'année dernière, la France a été contrainte de répondre militairement à la
grave menace posée par la reprise des conflits et de l'extrémisme au Mali. La
similitude entre le Mali et le Sahara Occidental est frappante. Les deux pays
sont dans la région du Sahel, où des groupes extrémistes, y compris Al-Qaïda se
nourrissent des griefs locaux pour attirer des recrues et récupérer des
mouvements armés. Comme au Mali, le Sahara Occidental compte un groupe distinct
de personnes - les Sahraouis - qui ne se sentent ni politiquement ni
culturellement liés au Maroc et qui ont une histoire de résistance armée.
Il est vital que nous prenions des
mesures préventives afin de désamorcer les tensions au Sahara Occidental et
d'éviter une répétition du Mali, qui pourrait mettre en danger la sécurité
française et occidentale et nécessiter une intervention similairement difficile.
Le renouvellement du mandat de la
MINURSO par le Conseil de Sécurité des Nations Unies en avril en fournit une
occasion importante. Comme première étape importante pour réduire les
frustrations des Sahraouis, nous vous demandons d’appeler fortement à
l’inclusion de la surveillance des droits de l'Homme à ce mandat.
Nous avons tous les deux été
particulièrement impliqués dans la question du Sahara Occidental, l'un de nous
pour avoir servi comme vice-président de la MINURSO, et l'autre comme Envoyé
personnel du Secrétaire Général de l'ONU pour le Sahara Occidental. Nous avons
des vues différentes sur la façon dont la question du statut du Sahara
Occidental devrait être réglée. Peter van Walsum a clairement fait savoir qu’à
son avis, il n'était pas réaliste de continuer à exiger du Maroc son
assentiment à un référendum avec l'indépendance comme option. Néanmoins, nous
sommes rigoureusement d'accord sur le besoin urgent de surveillance des droits
de l'Homme.
Nous croyons que cette mesure va
apaiser les tensions et renforcer la confiance dans les futures négociations
sur le statut du Sahara Occidental, quel que puisse être le résultat de ces
négociations. Il s'agit d'une étape essentielle pour les droits de l'Homme, la
stabilité et la paix.
Nous vous remercions de votre attention
et nous réjouissons de vous soutenir dans cette entreprise.
Sincères salutations,
Frank Ruddy
Ancien vice-président
Mission des Nations Unies pour le
référendum au Sahara Occidental
Peter Van Walsum
Ancien Envoyé personnel du Secrétaire
Général de l’ONU pour le Sahara Occidental
Nations Unies
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Vous aussi pouvez agir, voyez les propositions ici.
les textes en anglais sont sur le site de FASO-WSAF ici.