Dans
ce Maroc, nous avons tout vécu.
Durant les années de plomb, plusieurs détenus déclaraient que parfois,
aux
séances de torture, assistaient des médecins ou des infirmiers. Sans
doute pour
faire "le coaching" des tortionnaires, et éviter le coup mortel. Mais
de
là à ce qu’une association se déclarant attachée au standard
international des
droits de l’Homme se mobilise pour innocenter les responsables de
l’appareil répressif, c'est "l’exception marocaine" du règne de
Mohamed IV.
Une
délégation de l’Organisation Marocaine
des Droits de l’Homme (l’OMDH) conduite par son président Mohamed
Nechnach a déclaré
avoir organisé une visite, le 12 février 2014 à la prison de Salé, à des
fins d’enquête demandée par la FIDH, sur des faits de torture qu’aurait
subi le
détenu sahraoui Nâama ASFARI. Il s’agit d’un détenu concerné par des
plaintes
déposées par l’association Action Chrétienne pour l’Abolition de la
Torture (l’ACAT) contre le patron de la DST marocaine Abdellatif
HAMMOUCHI.
Du résultat de cette enquête, l’OMDH
a « indiqué qu’il (Nâama
ASFARI) n’a souffert
d’aucune forme de mauvais traitements bien que des tentatives aient eu
lieu sur le trajet entre Laayoune et le tribunal militaire». Il serait
même indigné de l’« l’association de son nom avec certaines campagnes
(ndlr : médiatiques) sans en avoir été informé ».
Or selon la représentante de l’ACAT Madame LEGEAY, la
FIDH n’a jamais eu connaissance de cette visite. « Cela montre que
l’OMDH est une organisation politiquement instrumentalisée » a déclaré Madame
LEGEAY.
Dans un communiqué de la prison de Salé le détenu Nâama
ASFARI, s’insurgeait de la falsification de la date de la visite que la délégation
de l’OMDH lui a rendue : leur rencontre aurait eu lieu le 24 février, et
non le 12 février 2014 telle qu’elle est soutenue par le porte parole de
l’association.
Il en ressort de l’exposition
de ces faits, la volonté farouche de l’OMDH d’utiliser la FIDH comme un donneur
d’ordre crédible pour sa mission, qui à priori pourrait être louable de soucier
si la torture était utilisé contre Nâama ASFARI pour lui extorquer des aveux.
Mais par la falsification de la date, l’OMDH s’est trahie, et se montre partie
intégrante de ce clan qui nie l’existence de la torture au Maroc pour sauver la
peau du directeur de la DST marocaine Abdellatif HAMMOUCHI. Ce dernier
est poursuivi, dans le cadre de plaintes déposées par l’ACAT le 20 février 2014
pour faits de tortures.
Pourtant, dans le procès
militaire des 22 détenus sahraouis, plusieurs camarades d’ASFARI ont évoqué la
pratique de la torture. Hélas, les goeliers au Maroc continuent de torturer.
Il y a pus d’un an déjà, le
rapporteur de l’ONU Juan E. MENDEZ informait la communauté internationale dans
son rapport unisien qu’il a« … reçu des témoignages crédibles selon lesquels
les détenus étaient soumis à des pressions mentales et physiques injustifiées
lors d'interrogatoires » ; et d’alerter que « Ces pratiques sont
suffisamment fréquentes pour mériter l'attention et exiger que des efforts
soient déployés pour y mettre fin ».
Par le journal Te Quel, maitre
Joseph BREHAM, l’avocat de Nâama ASFARI en France, a qualifié la communication
de l’OMDH de « ridicule. Ces propos sont complètement faux,(…) Cela
démontre que l’AMDH est justifiée et nécessaire au vu des manipulations de
l’OMDH ».
En effet, l’Association
Marocaine des Droits Humains, qui couvre tout le territoire marocain et
quelques villes en Europe, n’a de cesse dénoncer le comportement répressif
et l’Etat de non droit qui règnent au Maroc.
Dans le même journal Claude MANGIN, épouse de Nâama
ASFARI a apporté le témoignage suivant : «…on l’a battu, empêché de se
doucher, de se nourrir et de dormir. On le menaçait d’exécution, on lui a
marché sur le corps et sur la tête. Malgré tous ces mauvais traitements, il a
été laissé sans soin et est arrivé ensanglanté au tribunal militaire… »
Le rapporteur onusien M. Juan E. MENDEZ a relevé
que le recours aux mauvais traitements et à la torture sont fréquents. Il a
déclaré que « les autorités n'avaient pas le droit de recourir à une force
excessive, que les manifestations aient été autorisées ou non ». Il soutenait
même que l’usage excessif de la force était en hausse « lorsque la police ou
d'autres autorités font face à des incidents impliquant des
rassemblements ».Ce que ne peut pas cacher l’OMDH.
L’ASDHOM, une association crédible
des droits humains à Paris a recensé plus de 280 détenus politiques, syndicaux
où suite à des mouvements sociaux.
L’absence de démocratie, les
augmentations des prix, les remises en cause des droits, l’augmentation du
chômage, de la misère… alors qu’au même moment la fortune des classes
dirigeantes ne cesse d’accroitre, à leur tête la fortune royale, c'est la réalité du Maroc aujourd'hui Tout cela
favorise la contestation et l’exigence d’un régime démocratique et de justice sociale.
Said SOUGTY
Lille le 14 mars 2014
Publié par APSO avec l'autorisation de l'auteur.