La
troisième semaine de janvier 2014
est marquée par de nombreuses manifestations sahraouies dans tout le territoire
occupé du Sahara Occidental. Toutes ont été réprimées violemment par la police
coloniale marocaine. Il semble que des ordres ont été donnés encourageant la
violence sans sommation comme méthode dissuasive de toute manifestation
d’expression populaire. C’est à l'encontre de tous les droits nationaux et
internationaux qui affirme le droit à la liberté d'expression. Ci-dessous un
résumé des principales manifestations.
Samedi 11
janvier 2014, la coordination des jeunes sahraouis « qui rejettent la
nationalité marocaine » organise à 17h GMT une manifestation rue Essmara à
El Aaiun en solidarité avec les prisonniers politiques sahraouis. Plus de 150
manifestants lèvent les pancartes et sont attaqués quelques minutes après par
les forces d'occupations. 16 manifestants sont blessés.
Voir https://www.youtube.com/watch?v=VBOAHzOBmb8
Dimanche
12 janvier, une manifestation pacifique regroupe une centaine de
Sahraouis rue Jamal Eddine El Afghani, quartier Quiadat Boukra'a à El Aaiin.
Ils demandent que soit respecté leur droit à l'autodétermination, à
l'indépendance. Les forces d'occupation interviennent violemment et chassent
les manifestants dans les rues. Ils entrent de force chez la militante
sahraouie Lala Hatra Aram, la blessent à l'oeil et saccagent sa maison. Notre
correspondant a constaté les blessures mais aussi que les forces d'occupation
ont mis le feu à une partie de la modeste maison. Voir vidéo
https://www.youtube.com/watch?v=PboT-rG8NOs
Lundi 13
janvier, à l'aube un groupe spécial de la police enlève Mohamed Ali Lmbarki et
Hadi Mohamed, 17 et 15 ans, deux activistes sahraouis mineurs. Ils sont
conduits vers un endroit qu'ils ne reconnaissent pas. Selon des activistes des
droits de l'homme qui ont pu entrer en contact avec eux depuis, les 2 mineurs
sont soupçonnés d'avoir d'attaqué au cocktail Molotov une fourgonnette de
police marocaine la veille au soir. Ce qu'ils nient catégoriquement. A l’heure
de la publication de cet article, les deux jeunes sont toujours en garde-à-vue,
dans les locaux de la préfecture de police.
Il est à
déplorer que la chaîne française "France 24" ait publié la
déclaration de la Wilaya de El Aaiun à propos de l'attaque au cocktail Molotov,
sans donner la parole aux activistes sahraouis.
Les mêmes
activistes ont dénoncé la manoeuvre des services secrets marocains qui ont mis
en scène des policiers en civil couverts de turbans et brûlant le seau d'une
poubelle. Cette vidéo visant à invalider le pacifisme des Sahraouis a été
diffusée juste après le lancement de la campagne nationale et internationale
pour l'élargissement des compétences de la Minurso à la surveillance des droits
de l'homme au Sahara Occidental.
Le même
jour, 13 janvier, à 17 h, plus de 200 sahraouis se rassemblent pour une
manifestation pacifique rue Essmara pour revendiquer l'élargissement du mandat
de la Minurso, à l'appel de la coordination des associations et comités
sahraouis de défense des droits de l'homme. 5 minutes après leur rassemblement
les forces d'occupation en civil et en uniforme interviennent brutalement pour
les disperser. Plus de 120 personnes sont blessées, dont une soixantaine de
femmes.
Mariem
Bourhimi, Sabar Bani et Mohamed Saleh Zerouali des journalistes de notre Équipe
présents sur place sont pris à parti violemment eux aussi. Mariem, 28 ans, est
blessée, son bras droit est cassé. https://www.youtube.com/watch?v=fp-FcTIU10c
Après
cette intervention, plusieurs manifestations s'organisent spontanément dans les
quartiers les appartements rouges, Erraha, Lahchicha, rue Echaouia, rue
Mezouar, rue Tan Tan, quartier Ma'atalah, quartier Lina'ach, quartier El
A'aouda et quartier Douirat de El Aaiun.
Rue du 24
novembre, prés de Colomina Erradsa, les forces d'occupation interviennent
brutalement contre une manifestation d'une soixantaine de personnes, et
blessent l'activiste sahraoui Daikh Lbkai à la tète par leurs jets de
pierre. Daikh Lbkai, 17 ans, est transporté en urgence à l'hôpital où il est
opéré. Il est toujours hospitalisé et semble aller mieux, mais n'a toujours pas
retrouvé l'usage de la parole.
Simultanément,
les forces d'occupation se déploient dans le quartier Lina'ach de El Aaiun,
scandent des slogans racistes contre les sahraouis, et crient "sortez fils
de putes".
À Essmara
occupée, le 15 janvier, 200 manifestants revendiquent le respect des droits fondamentaux du peuple sahraoui. 4
citoyens sahraouis sont blessés lors de l'intervention brutale des forces
d'occupations.
Soukaina
Belkher, 35 ans, est blessée au niveau des cervicales et elle est transportée en urgence à l'hôpital de
El Aaiun. Outre les douleurs dues aux coups, elle souffre de maux de têtes,
vertiges. Elle est toujours à l'hôpital et doit garder une minerve.
Brahim
Hamma, Lhafed Saleh Boujma'a, Mohamed Slimi, sont séparément enlevés pendant et
après la manifestation par les forces sécuritaires et sont conduits en dehors
de la ville dans une fourgonnette, torturés puis relâchés en mauvais état dans
le désert. Brahim Hamma, 25 ans, est blessé à la tête et au cou et a été soigné
à l'hôpital. Lhafed Saleh Boujma'a, mineur, souffre de blessure à la tête, au
dos et aux genoux. La manifestation de protestation organisée par sa famille
devant la province est brutalement dispersée. Mohamed Slimi, mineur lui aussi,
blessé à la tête et aux genoux témoigne ici :
https://www.youtube.com/watch?v=y8h47kLZd5I&feature=youtu.be
Vendredi
17 janvier 2013, cinq activistes sahraouis entrent au siège de la Minurso à El
Mahbes à l'Est de Essmara occupée, demandent à ce que le référendum
d'autodétermination de leur peuple soit mis en place et s'installent pour un
sit in de protestation face à l'absence de réponse des membres de la Minurso.
Après
quelques heures, ils sont remis à la gendarmerie militaire marocaine, qui les
conduit au commissariat de police de Guelmim au sud du Maroc, d'où ils sont
relâchés après avoir été interrogés.
À
Boujdour occupée, samedi 18 janvier au soir, Mohamed Ehouiria, Chaikh Kmach,
Mohamed Yahdih Trayah, Kharachi Yahdih, Kamal Zoubair, Sid Ahmed Babait,
Emjayed Erra'ai, Kouirir Salek, Mohamed Salem Fennich, militants connus de
l'Intifada sahraouie sont arrêtés par des patrouilleurs dans la rue principale
de la ville. Ils sont conduits au centre de police, torturés puis amenés hors
de la ville et relâchés dans une décharge à ordures.
Notre correspondant à Boujdour rappelle que ces militants sont régulièrement harcelés
et insultés, ainsi que l'activiste sahraouie Sultana Khaya dont la maison de la
famille est toujours encerclée par la police marocaine.
Équipe
Média, Sahara Occidental occupé
19
janvier 2014
Retrouvez EM : https://www.facebook.com/#!/emsahara?fref=ts