mercredi 9 décembre 2020

EM. Facebook soutient le Maroc dans sa guerre contre les Sahraouis ?

Alors que le Maroc ne communique pas sur ses engagements militaires dans le conflit armé qui a repris entre son armée et l’Armée de Libération Sahraouie, ses agents cibles les moyens de communication des Sahraouis, et notamment des journalistes indépendants.

Les réseaux dits sociaux sont un des rares moyens pour les Sahraouis de se rassembler virtuellement, s’organiser et s’exprimer.

Depuis le 13 novembre, date de la reprise des combats au Sahara Occidental, les comptes de plusieurs Sahraouis, dans les territoires occupés, dans les campements de réfugiés ou ailleurs en exil, ont été ou sont temporairement - et pour des durées variables – inaccessibles ou restreints.

Dans le territoire occupé militairement par le Maroc, les bloggeurs et militants suivants ont connu des restriction ou interdiction d’utilisation de leurs comptes facebook.

El Mammia Habibi, une étudiante bloggeuse, vivant a Boujdour occupé, a été empêchée d’activité sur son compte Facebook pendant un mois suite à des « signalements ». Elle est pourtant convaincue de respecter les règles de vocabulaire et messages de ses publications. Cependant le contenu de ses informations reflète la réalité, c’est-à-dire la reprise de la guerre à cause du pillage des ressources naturelles du Sahara Occidental par le Maroc, avec au moins la collaboration l’Europe, la Russie, la Nouvelle-zélande, l’Inde, la Chine, la Turquie…

Moulay Lehssan Douihi vit à El Aaiun occupée, il est un des blogueurs sahraouis les plus influents sur les réseaux sociaux. Il a été menacé à plusieurs reprises par messages, mais il a continué de s’exprimer sur les réseaux sociaux et de diffuser des informations sur l'évolution des opérations militaires mené par le front Polisario depuis le 13 novembre 2020.
« J’ai publié de façon respectueuse et pacifique. Mais ça ne plait pas les services marocains qui ne veulent pas que les marocains trouvent des informations sur la guerre. Ils m’ont signalé et je ne peux plus accéder à mon compte. La punition de Facebook fonde sur des fausses déclarations. Pendant 7 jours je ne pourrai pas publier ou diffuser des infos. »

Babouzayed Mohamed Said, Président de l’association sahraouie Codesa, de El Aaiun occupée a lui aussi était interdit d’activité sur son compte pendant une semaine.

Baih Jamaa est bloggeur et activiste des droits de l’homme. Il habite à El Aaiun et a été de même empêché d’activité sur son compte facebook pendant une semaine.

Isalmou Etaoubali est lui aussi bloggeur de El Aaiun et il a partagé des informations sur la guerre et les restrictions de circulation, les oppressions et surveillances imposées aux civils sahraouis depuis le 13 novembre. Il a été « signalé » et a aussi été empêché de toute publication pendant une semaine.

Les Sahraouis militants qui relaient ou écrivent des informations sont aussi visés dans le monde entier.

Said Zeroual, rédacteur en chef au site web futurosaharaui.net est interdit de publier des vidéos en direct pendant un mois sur son compte Facebook. Les publications écrites ont été bloquées pour 24 heures. Il est actif depuis la Suède.

Mohamed Limam Dih, membre d’Équipe Média, agence sahraouie de presse indépendante du territoire occupé, et vivant en Espagne, a été sporadiquement empêché de publier sur son compte Facebook. Puis il lui a été impossible d’accéder à son compte pour 24 heures.

L’administration de Facebook a justifié cette interdiction d’expression par un manquement au respect de leur charte. Néanmoins les informations publiées ne concernent que la cause sahraouie, des échanges sur le conflit et sa qualification par l’ONU d’affaire de décolonisation, comme avant la reprise de la guerre. Il est très probable que les « signalements » ayant entraîné les restrictions soient l’œuvre des services marocains, du fait que certaines vidéos dépassent le million de vue.

Bachir Mohamed El Hassan, rédacteur en chef du journalespanaenarabe.com, spécialisé sur l’immigration et le terrorisme a lui aussi été interdit de publier des vidéos en direct pendant un mois. Les supposés services marocains ont particulièrement signalé ses remarques sur la guerre et son avis du silence du Maroc sur les pertes et dégâts matériels et humains de son armée. Il vit en Espagne.

Zaini Talb, bloggeur sahraoui vivant au Canada et El Ghouth Said journaliste des camps de réfugiés pour l’Agence Sahraouie de presse n’ont pu accéder à leur comptes Facebook pendant 48 heures suites à leur publication des déclarations militaires de l ALS.

Ali Bouya Ettafah Moussa est activiste bloggeur, il vit en Espagne. Son compte Facebook a beaucoup de fans. Il donne des informations sur la guerre du mur et le silence des médias marocains. « Les réseaux sociaux sont les véritables outils qui peuvent lever toute ambiguïté sur ce qui se passe au Sahara Occidental. Je poste régulièrement les déclarations de ALPS ainsi des informations et interviews avec des combattants sahraouis. Mon but est d’arrêter la propagande marocaine et sa tromperie constantes. » Son compte a été suspendu pour 7 jours.

Quand le silence marocain, sa capacité à étouffer et nier la réalité du conflit, du droit international et de la guerre sont appuyés par les systèmes de communication dit libres entre les humains, alors il y a fort à soupçonner que ces moyens ne sont pas aussi indépendants ni gratuits et libres qu’ils l’affirment. Il semble qu’il soit possible de mettre le prix pour leur complicité au silence et à l’injustice.

Équipe Média, le 9 décembre 2020
El Aaiun, Sahara Occidental occupé

mercredi 2 décembre 2020

EM. Malgré la guerre, les exportations de farine et huile de poissons continuent

Alors que la guerre d'indépendance a repris le 13 novembre au Sahara Occidental entre le Maroc et l'Armée de libération sahraouie, deux navires viennent de quitter le port de El Aaiun après avoir chargé des produits transformés de poissons pêchés dans les eaux sahraouies sans le consentement du peuple sahraoui.

Le bateau Oramalia, immatriculation 9392640, pavillon Gibraltar, qui peut transporter 6 863 tonnes de marchandises, a chargé de l'huile de poisson. Il est parti ce 1er décembre pour Tan-Tan au Maroc où il va charger aussi.
Ces huiles sont probablement à destination de la Hollande ou d'un autre port d'Europe.

Le bateau Ekmen Trans, immatriculation 9204348, pavillon Panama, qui peut transporter 6 687 tonnes de marchandises, a chargé de la farine de poissons.
La cargaison est probablement à destination de Gulluk en Turquie, comme celle d'environ moins 5 500 tonnes, chargée à bord du bateau le Tango Sol (OMI 915901, pavillon Iles Cook), qui est parti de El Aaiun le 26 novembre, soit il y a 5 jours, pour la même destination.

Les cargaisons sont chargées depuis des camions arrivant au moins depuis les usines de transformation de El Marsa, zone industrielle située juste à côté du port de El Aaiun.

Équipe Média a fait une évaluation prudente de la valeur des cargaisons potentiellement chargées, sur la base des prix mondiaux.

La valeur de la quantité de farine de poisson des deux navires concernés par le pillage depuis la reprise de la guerre, Ekmen Trans et Tango Sol, est d'environ 12 millions d'euros.
Le prix de la tonne est actuellement estimé a 1 200 euros, selon Index Mundi.

Le précédent navire parti avec une cargaison illégale de farine de poisson, le Princess Nabiha (OMI 9144457, pavillon panama) avait quitté le port de Elaaiun 3 jours avant la reprise de la guerre, le 10 novembre, avec environ 5 000 tonnes de farine de poisson, de même pour la Turquie.

La valeur de la cargaison d'huile de poisson partie à bord de l’Oramalia est de 3, 6 millions d'euros (3 600 000), si la quantité chargée est de 3 000 tonnes, et le prix de la tonne à 1 200 euros (données Statista 2019).

Une grande quantité de poissons est nécessaire à la transformation en farines et huiles, qui sont toutes exportées du Sahara Occidental vers l’Europe ou la Turquie. Les prises sont sans commune mesure avec les besoins de la population vivant sur le territoire occupé, les Sahraouis, les colons marocains, les immigrants africains.

La pêche industrielle et intensive pratiquée abusivement par le Maroc et ses partenaires dans les eaux sahraouies ne respecte absolument pas le rythme des poissons, ni l’écosystème marin.

Cette pêche est d’autre part totalement illégale, de même que la vente des produits transformés, puisqu’il est interdit d'acheter les produits sahraouis obtenus sans le consentement du Polisario, représentant du peuple légitime du Sahara Occidental.

Équipe Média, El Aaiun, le 1er décembre 2020
Sahara Occidental occupé

lundi 23 novembre 2020

EM. La guerre marocaine contre les bergers et troupeaux sahraouis

La guerre entre le Maroc et l’armée de libération sahraouie a repris le 13 novembre après l’attaque marocaine contre les civils sahraouis à Gargarat, invalidant les termes du cessez-le-feu signé en 1991. Les attaques de l’armée sahraouie ont visé depuis plusieurs points du mur marocain qui coupe le pays en deux, et a protégé pendant des décennies le pillage marocain des ressources naturelles du territoire sous occupation militaire, à l’ouest du mur.

Dans la nuit du 18 au 19 novembre 2020, à proximité du village de Haouza, à El Msamir, un bataillon spécial de l'armée marocaine disposant d'un armement lourd a attaqué à la roquette des troupeaux sahraouis situés à l’est du mur, en territoire libéré. Au moins 21 chameaux sont morts et 22 autres sont gravement blessés. Ce sont des chameaux appartenant à des Sahraouis vivant dans la région de Tindouf. Poussés par la sécheresse et l’aridité, ils approchent tout près du mur pour manger dans les poubelles de l’armée marocaine.

Le matin du 19 novembre, des militaires marocains ont ordonné aux bergers nomades et à leurs familles de la zone de Haouza de dégager dans les 24 heures de la région qui est selon eux une « zone de guerre ».

Selon les bergers, 50 familles sont concernées, et l’ensemble des troupeaux compte environ 500 chameaux et 5000 chèvres.

24 heures ne sont pas suffisantes pour rassembler les troupeaux et partir. L’ordre d’évacuer la zone n’a pas été accompagné d’indication de zone de replis ni de proposition d’aide.

Vendredi 20 novembre, selon le témoignage d’un Sahraoui bédouin les forces marocaines auraient tué 102 chameaux dans la région de El Farsia entre ce qui est appelé le grand mur et le petit mur.

Dans la même zone, ils ont forcé 60 familles sahraouies bédouines à quitter la région immédiatement, sous la menace d’être la cible de leurs attaques, familles et troupeaux.

Équipe Média, El Aaiun, Sahara Occidental occupé
Le 23 novembre 2020

Photos et Vidéos, voir  www.emsahara.com

Actions militaires de l’armée sahraouie - Bulletin 1 à 10 - Extraits

Actions militaires de l’armée de libération sahraouie
Extraits

Déclaration militaire 10
Samedi 21 novembre 2020, cible des positions retranchées des forces marocaines dans la zone de Fudra Al’ach dans le secteur de Hawza
Dans l'extrême sud, bombardement des positions marocaines dans la zone d'Athaim Um Ajloud dans le secteur d'Aousserd.

Dimanche 22 novembre, violents bombardements sur les tranchées marocaines stationnées dans le secteur d’Es-Smara.
Des bombardements directs ont visé les soldats marocains dans la vallée de Rouss, Oudeyat Ghalia, dans le secteur d'Amgala.
Bombardements d'un centre marocain dans la zone Athaim Um Ajloud dans le secteur Aousserd, à nouveau.

Déclaration militaire 09
Samedi 21 novembre des unités de l'ALPS ont attaqué contre les bases marocaines dans le secteur d'Amgala, la zone d'Aghzalat-Lakhcheibi dans le secteur de Smara, la zone de Fadrat-Bruk dans le secteur de Hawza, et la zone de Fadrat-Lamras dans le même secteur.

Déclaration militaire 08
Attaques jeudi 19 novembre des positions marocaines dans les zones : Alfayine dans le secteur Farsia, Umdegan dans le secteur Bagari, Rus-Sabti dans le secteur Mahbas, Shaidmia et Umlagta dans le secteur Mahbas et Glaibat-Alagaya dans le secteur Aousserd.

Vendredi 20 novembre, attaques contre les zones de Rus-Audei-Umrukba dans le secteur de Mahbas, et de Rus-Fadrat-Tamat dans le secteur de Hawza.

Déclaration militaire 07
Nuit de mercredi 18 à jeudi 19 novembre 2020
Bombardement des forces marocaines dans le secteur d'Oum Dreyga
Opérations de bombardement concentrées sur plusieurs sites de retranchement des forces d'occupation marocaines dans les secteurs Amgala, Haouza, Farsia et (Oum Dreyga deux fois violemment)

Déclaration militaire 06
Mardi et mercredi 17 et 18 novembre 2020,
Attaques intenses derrière le mur
Plusieurs opérations de bombardement concentré sur les sites marocains du secteur de Farsia et d’Amgala.
Autres bombardements des sites marocains du secteur de Smara et El Baggari.

Déclaration militaire 05
À l’aube du 17 novembre 2020
Attaque contre le point d’alerte/sonnette 51 - légion 29 secteur Amgala
Sonnette 71 dans le secteur de Haouza, la base n°4 du secteur Amgala,
Bombardement de la base n°20 près d’El Rous Essabti et du point d’alerte/sonnette191 du secteur de Farsia, ciblé deux fois
Bombardement de la base n°12 du bataillon 47 dans le secteur Oum Dreyga et la base n°4 du bataillon 63 dans le secteur Baggari

Déclaration militaire 04
Le 16 novembre 2020
Les frappes sur le point d’alerte 71 dans le secteur Haouza, la base n°4 du secteur Amgala durant une heure (de 8h30 à 9h30).
Bombardements :
- de la base n°20 près d’El Rous Essabtti a 12h00
- du point d’alerte 191 du secteur de Farsia, ciblé deux fois a 10h50 et 14h30
- de la base n°12 du bataillon 47 dans le secteur Oum Dreyga à 11h50
- de la base n°4 du bataillon 63 dans le secteur El Baggari a 14h15.

Déclaration militaire 03
Le 15 novembre 2020
Survols aériens marocains et réponses aux attaques
Les bombardements de l'armée de libération ont ciblé plusieurs centres marocains,
- les bases 17 et 18 à El Farsia
- la base 13 relevant du régiment 67 à El Baggari
- la base 04 du régiment 64 dans la région de Diret,
- le point d'observation/sonnette 71 de la base n°7 entre Laariche et Fedret Laghrab à Haouza.

Bombardement de la base 13 à Glaib diret a Hauza
Bombardement de la base 25 relevant du régiment 40 dans la région Oum Lagta
On a vu des flammes dans cette base lors du bombardement
La base 20 du bataillon d’infanterie 68 dans la région d’Adhaim Ajloud.

Déclaration militaire 02
Le 14 novembre 2020
Bombardement de la base 13 régiment 67 du secteur El Baggari hier près de la région Tinligue .
Les secteurs El Mahbes et El Gargarat des attaques missiles et mitrailleuse.

Déclaration militaire 01
Vendredi 13 novembre 2020
Attaques intensives contre les positions marocaines de Mahbes, Haouza, Aousserd et Farsia
A El Mahbes bombardement successif de la base 23
Haouza, bombardement similaire particulièrement sur la base n°4 et la sonnette 71
Aousserd des attaques sur les bases 17 et 172
Farsia, attaque des bases 18 et 17 à 16h00 et 17h00 à la mitrailleuse.
Constat de panique chez les militaires marocains.


Traduction EM-Apso, non officielle

mardi 17 novembre 2020

EM. État de guerre et répression violente des manifestations civiles au Sahara Occidental

Suite à l’action des forces marocaines d'occupation à Gargarat contre des civils sahraouis le 13 novembre 2020 et à la réponse elle aussi armée du Polisario contre le mur marocain qui coupe le pays, les Sahraouis des différentes villes du Sahara Occidental ont manifesté leur soutien à leur mouvement de libération national et à son action de guerre.

Dans le Sahara Occidental occupé par le Maroc à l’ouest du mur, les villes ont été assiégées par les forces sécuritaires marocaines, des points de contrôle bloquant toutes les routes. Les maisons des militants sahraouis ont été particulièrement surveillées.

Toutes les nuits depuis vendredi 13 novembre 2020, des centaines de manifestants descendent dans les rues d'El Aaiun et de Dakhla.

Dans les rues de tous les quartiers de El Aaiun, les manifestants crient et agitent des drapeaux de la RASD, scandant « Sahara Occidental libre ». De longs convois de voitures ont rejoint les manifestants en klaxonnant. Des affrontements ont lieux avec les forces sécuritaires marocaines qui veulent disperser les foules.

L’encerclement des quartiers n’est pas partout sans difficulté.

Dans le quartier des Appartements rouges, les manifestants ont réussi à fermer complètement les rues, bloquant ainsi l'accès des forces d'occupation. Ils se sont rassemblés pour poursuivre leurs manifestations jusqu'à ce que des renforts marocains réussissent à démanteler les barrages de fortune. Les manifestants ont ensuite été chassés par des escadres à moto, des voitures de police et des forces auxiliaires.

25 jeunes sahraouis ont été arrêtés suite aux manifestations. Ils sont à l’isolement et interdits de visites. Selon plusieurs témoignages, des agents marocains masqués ou en civil, mêlés aux foules de manifestants, filment les activistes dont les meneurs, qui sont ensuite pourchassés et arrêtés.

À Dakhla occupée, les manifestations ont eu lieu dans les quartiers Ksaikisat et Oum Tounsi.

Dans le quartier Oum Tounsi dont les habitants sont des Sahraouis forcés de quitter leur village Bir Anzaran à 150 km à l’est de Dakhla, les femmes sont massivement sorties en criant contre l’occupation marocaine, et en soutien à leur armée.
« Nous voulons retourner dans notre village, y vivre libres et sans inquiétude, sous le drapeau de la République Sahraouie. Ce qui nous intéresse aussi, c'est de choisir notre mode de vie dans crainte » dit une participante.

A boujdour, 4 citoyens sahraouis arrêtés le 16 novembre comparaissent aujourd’hui à El Aaiun.

Depuis le 15 novembre, des longues colonnes de renforts militaires marocains ont été observées à El Aaiun, Tan-Tan, Dakhla et Smara.

Équipe Média, le 17 novembre 2020
El Aaiun - Sahara Occidental occupé

samedi 10 octobre 2020

EM. Les associations sahraouies sont en pleine activité en territoire occupé

Dimanche 20 septembre, des militants sahraouis des droits de l’homme ont fondé l’Instance Sahraouie Contre l’Occupation Marocaine, l'ISACOM. Le but de cette association est de défendre les droits du peuple sahraoui à la liberté, à l'indépendance et à la dignité, par des moyens légitimes pacifiques, contre la colonisation militaire marocaine de son pays. 

Les 33 fondateurs sont des défenseurs des droits de l’homme, des syndicalistes, rescapés de prisons secrètes et ex-prisonniers politiques, et parmi eux des militants connus au niveau international. L'assemblée a élu un bureau exécutif, composé de Aminatou Haidar - sa présidente -, El GhaliaDjimi, Mina Baal, Lehsan Dalil, Ahmed Naciri, Abderahmane Zayou, et Mohamed El Moutawakil.

Immédiatement, le Maroc a déployé intimidations et menaces contre les citoyens militants de l'organisation. Une enquête judiciaire est ouverte pour "atteinte à l'intégrité territoriale". L'intégrité territoriale au sens du régime marocain signifie qu'une entité existe entre les deux pays Maroc et Sahara Occidental. Néanmoins, le régime marocain est le seul au monde à soutenir son propre acte militaire d'occupation d'une partie du Sahara Occidental. Pour rappel, la cour de justice de l'Union Européenne a rappelé à plusieurs reprises les dernières années que les deux pays sont séparés et distincts, en cohérence avec le droit international. 

À la même période, le Collectif des défenseurs sahraouis des droits de l'homme, CODESA, a tenu une réunion suite au départ d'Aminatou Haidar de sa présidence, a réorganisé son fonctionnement et émis plusieurs communiqués de presse et rapports d'actualité de la situation des droits de l'homme au Sahara Occidental occupé. 

EM a récemment interrogé les organisations sur le point précis des ressources naturelles du pays. Madame Oum El Moumnin Yaya, membre du bureau exécutif du CODESA a dénoncé l'exploitation excessive et non raisonnée des ressources halieutiques, pêche et fonds marins, et des ressources minérales - phosphate - du territoire par le Maroc. 

Selon elle ce pillage compromet l'avenir du pays pour les Sahraouis, par l'épuisement des ressources mais aussi par son saccage de la nature et de l'environnement. Selon elle "c'est d'autant plus déplorable que les entreprises étrangères concernées sont engagées de façon agressive dans l'exploitation et le pillage effrénés des ressources naturelles de notre peuple sans nous avoir consulté, ni avoir reçu notre consentement." 

"Bien évidemment nous sommes opposés à la sur-pêche des stocks de poissons de la mer de notre pays, par les centaines de navires marocains, européens, turcs, chinois, japonais, et russes, qui entraîne leurs épuisements." 

À propos des énergies renouvelables solaires ou éoliennes, Madame Oum El Moumnin Yaya à souligné que leur "intérêt écologique‫ ‬est confronté au paradoxe de leur soutien à l'occupation marocaine et à l'injustice envers le peuple sahraoui. Une production écologique ne peut pas être complice d’une occupation militaire et violente. Les actions de sociétés comme l’Allemand Siemens, l’Italien Enel et d'autres entreprises européennes sont illégales, et violent nos droits fondamentaux sur notre avenir et notre terre". 

La recrudescence des pressions des autorités sécuritaires marocaines, sur les militants des droits de l'homme et journalistes sahraouis, si elle réussit à faire perdre du temps à chacun, semble ne pas avoir d'effet sur l'énergie déployée à l’information et à la défense de leurs droits légitimes par les citoyens sahraouis. 

 Équipe Média, El Aaiun - Sahara Occidental occupé, le 8 octobre 2020

mardi 4 février 2020

EM. CAN Futsal 2020, du sport sous haute surveillance armée

La Coupe d’Afrique des Nations en Futsal est accueillie du 28 janvier au 7 février 2020 par le Maroc au Sahara Occidental, pays qu’il occupe militairement sur plus de 75% de sa surface.
8 équipes sont en compétition, pour cette coupe en totale contradiction avec les valeurs du sport. Elles sont groupe A : Ile Maurice, Guinée équatoriale, Libye, Maroc ; groupe B : Égypte, Guinée, Angola, Mozambique. Chaque équipe compte 5 joueurs et 7 remplaçants.
À noter que l’Ile Maurice s’est retirée de la compétition pour des raisons éthiques (selon les médias) après le premier match. À noter aussi qu’il n’y a pas d’équipe sahraouie en compétition.

Depuis le 28 janvier, à El Aaiun, capitale du Sahara Occidental occupé, des barrages et barricades entourent la salle de la compétition, contrôlent et bloquent tous les accès. Des policiers et agents de renseignements généraux sont omniprésents dans la zone, les rues et ruelles alentours.

Les premiers matchs n’étaient accessibles qu’à un public invité, dûment sélectionné. Un journaliste qui s’est présenté comme tel pour assister au premier match a été interdit d’entrer, sans explication. Il est membre de l’Équipe Média, agence de presse sahraouie en territoire occupé (EM).

Suite au départ de l’Ile Maurice de la compétition et à ses remous politiques, les accès n’ont plus été conditionnés aux invitations. Néanmoins, le 1er février, 3 journalistes de la même agence EM, amateurs de sport, n’ont eux pas pu dépasser le premier barrage à 300 mètres de l’entrée du stade où les agents des renseignements généraux les ont reconnus et leur ont interdit d’aller plus loin. Ces mêmes agents les ont ostensiblement suivis jusqu’à voiture et taxi, et se sont assurés de leur départ de la zone.
Ces manières d’intimidations ont eu l’effet assurément escompté. En effet, les photographes de l’EM n’ont pas essayé d’assister aux matchs par crainte de confiscation de leur matériel, ce qui leur arrive fréquemment lors de couvertures de manifestations populaires et politiques de revendication de l’indépendance du Sahara Occidental.

Des correspondants EM restés anonymes et des spectateurs proches de l’EM ont assisté aux matchs Libye - Guinée équatoriale et Guinée - Angola. Selon leurs commentaires, sur les 372 fauteuils de la salle, les 120 spectateurs présents étaient opposés avec côté gauche du public ordinaire, côté droit les visiteurs étrangers, les membres de la Fédération royale marocaine de football et les hauts responsables locaux. Les entrées étaient gratuites.
Il y avait aussi dans la salle 60 agents de sécurité en tenues sportives soit 30 policiers équipés de talkie-walkie et pistolets, et 30 agents des forces auxiliaires para militaire avec talkie-walkie et matraques.
Sur le terrain les matchs ont fini respectivement sur les scores de 2-1 et 1-5. L’ambiance dans le public essentiellement composé de colons marocains n’était pas au rendez vous, et si l’arbitrage était bon, le jeu a manqué singulièrement de rythme.

À l’extérieur de la salle, les correspondants EM ont pu constater la présence de 100 véhicules de police et des forces auxiliaires et presque 500 policiers, agents de force auxiliaire et les Blair, des soldats en tenues de police. Photos et vidéo ont très difficiles à prendre dans ces conditions d’où leur médiocre qualité.

La compagnie Total, le sponsor affiché de la compétition n’a peut être pas consulté son service éthique avant de s’engager en soutien de cette CAN Futsal. En effet, si l’on ne considère pas uniquement comme coïncidences ses départs de l’exploration pétrolière sur le bloc Anzarane - offshore du sud du Sahara Occidental - après les avis juridiques rendus au conseil de sécurité de l’ONU et à la cour de justice de l’UE affirmant illégales les activités du Maroc au Sahara Occidental puisque ce sont deux pays séparés et distincts, alors Total soutient ici paradoxalement un régime d’occupation, loin du sport.

En réalité, ce déploiement policier disproportionné est probablement bien plus coûteux que les dépenses sportives. Alors les sanctions annoncées par la CAF (brève RFI) contre les équipes d’Afrique du Sud et de l’Ile Maurice qui ont renoncé à la compétition par respect du droit international, soit suspension pour les deux prochaines CAN et amende de 75.000 dollars, font douter de la profondeur de l’examen de la situation par cette CAF qui semble sur tous les plans avoir oublié ses valeurs. Cela interroge sur les motivations réelles à l’organisation par le Maroc, à El Aaiun occupé, d’une telle compétition.

Équipe Média, Sahara Occidental occupé
El Aaiun, le 4 février 2020

Crédit photo EM