mardi 20 juin 2017

EM. La "promotion nationale" au prix du silence sahraoui


Vendredi 16 juin 2017 à El Aaiun, Mahfouda Lafkir, Zaina Chtouki  et El Hussein Naciri ont manifesté dans le dépôt de la promotion nationale contre la décision des autorités d’occupation de geler leur bénéfice de cette allocation marocaine.

Au titre de la promotion nationale du ministère de l'intérieur marocain des centaines des Sahraouis travaillent comme hommes et femmes de ménage pour un salaire mensuel du 185 euros. Les "cartes" sont attribuées au bon vouloir du wali local, et pour le Sahara Occidental en coordination avec des délégués locaux qui sont des militaires. Elle n'ouvrent pas droit à congé, ni retraite, ni couverture maladie.

Dans le contexte particulier de l'occupation et de la discrimination à l'embauche quand les emplois vont majoritairement aux colons marocains, cette allocation est pour beaucoup de Sahraouis la base de la survie de la famille.
Les 3 militants font partie du comité sahraoui des expulsés de leur travail.

Sur leurs pancartes ils dénonçaient la politique d’appauvrissement des Sahraouis, le pillage systématique des phosphates et poissons sahraouis et les facilités accordées aux colons marocains pour tous les aspects de la vie quotidienne.

Mahfouda Lafkir mère de 4 enfants qualifie la suppression du bénéfice de la carte de vengeance des autorités d’occupation contre les Sahraouis qui militent pour indépendance de leurs pays.
 

La manifestation a duré une heure, avant que la police et un qaid n'oblige les militants à partir.

Équipe Média, El Aaiun, Sahara Occidental occupé
le 18 juin 2017

mardi 13 juin 2017

ACAT. Procès Gdeim Izik, saisine Rapporteurs ONU, visite Macron au Maroc

ACAT (Action des chrétiens pour l’abolition de la torture) - Communiqué de presse

Procès de Gdeim Izik - Requête de l'ACAT auprès des rapporteurs spéciaux de l’ONU
Visite de M. Macron au Maroc – Le président doit affirmer sa vigilance sur les droits de l’homme
 
Emmanuel Macron sera en visite officielle au Maroc les 14 et 15 juin, où il rencontrera le roi Mohammed 6. Selon l’ACAT, il est nécessaire que le président français évoque publiquement la question du procès emblématique de Gdeim Izik actuellement qui se déroule actuellement devant la Cour d’appel de Rabat. Mardi 13 juin, l’ACAT a déposé une requête [1] auprès de plusieurs rapporteurs spéciaux  de l’ONU [2] pour dénoncer les violations graves subies par les 24 militants politiques et défenseurs des droits de l’homme sahraouis qui font l’objet d’un procès inique, caractérisé notamment par la prise en compte d’aveux signés sous la torture.
 
Selon Hélène Legeay, responsable Maghreb/Moyen-Orient à l’ACAT, « Nous espérons qu’Emmanuel Macron fera preuve, à l’égard de Mohammed VI, de la même fermeté qu’avec Vladimir Poutine. Le procès de Gdeim Izik est emblématique du peu d’égard du Royaume pour les droits de l’homme en général et les droits des sahraouis en particulier. La France, en tant que premier partenaire du Maroc, ne peut décemment pas fermer les yeux sur cette affaire. »
 
L’iniquité du procès se révèle chaque jour de plus en plus criante. Bien que le président de la Cour d’appel de Rabat ait finalement consenti à ce que certains des accusés soient soumis à des expertises médico-légales, ces dernières ne sont absolument pas conformes aux standards d’enquête détaillés par le Protocole d’Istanbul et servent d'alibi à la Cour pour qu'elle puisse une nouvelle fois se fonder sur les aveux que les accusés ont signés sous la torture. Les avocats de la défense n'ont cessé d'être censurés tout au long du procès et n’ont pu aborder la question de la torture ainsi que celle de l’applicabilité du droit international humanitaire. Depuis l'expulsion dans la violence de deux avocates françaises de la défense, les accusés n'assistent plus à leur procès et sont représentés par des avocats dont certains suivaient jusqu'à présent le procès aux côtés de la partie civile adverse.
 
Les 24 accusés de Gdeim Izik ont été arrêtés, torturés et condamnés à de lourdes peines sur la base d’aveux signés sous la torture en raison de leur participation  à un camp de protestation sahraoui en 2010. Les condamnations ont été prononcées le 16 février 2013 par le tribunal militaire à l’issue d’un procès inique. Le 27 juillet 2016, la cour de cassation a cassé le jugement et renvoyé les accusés devant la cour d’appel de Rabat. Le 12 décembre 2016, le Comité contre la torture des Nations unies a condamné le Maroc pour les tortures infligées à l’un des 24 accusés, Naâma Asfari. A ce jour, la décision n’a toujours pas été mise en œuvre par le Maroc qui a annoncé au Comité qu’il la rejetait en tous points.
 
Notes :
• [1] Notre requête aux rapporteurs spéciaux de l’ONU est en pièce jointe et peut être consultée en suivant ce lien : https://www.acatfrance.fr/public/communication_rs_gdeim_izik.pdf
• [2] L’ACAT a saisi les rapporteurs spéciaux sur la torture, sur l’indépendance des juges et des avocats, sur la situation des défenseurs des droits de l’homme, sur la promotion et la protection du droit à la liberté d’opinion et d’expression et sur la droit de réunion pacifique et d’association.

jeudi 8 juin 2017

EM. Une perpétuité ne pourra occulter les 200 millions de dollars annuel du phosphate volé


Lundi 5 juin 2016, le procès des prisonniers politiques sahraouis du groupe Gdeim Izik s’est ouvert devant la cour d’appel de Salé. Les militants sahraouis pour l'indépendance et le respect des droits mais aussi les avocats de la défense par leur absence, protestent contre ce procès inique, dont les premières audiences ont eu lieu le 13 mars 2017 après plusieurs mois de reports.

Le 6 juin dans l'espace autorisé aux manifestations sahraouies, entouré du brouhaha de sonos marocaines, les amis du condamné à perpétuité Sid Ahmed Lemjayed affirmait leur soutien et leurs revendications, parmi 80 autres manifestants.
Sur les panneaux on pouvait lire : "Agrium shame on you", "Le phosphate est sahraoui, il est à notre peuple"
Sid Ahmed Lemjayed est président du CSPRON, comité de soutien au plan de paix et de protection des ressources naturelles au Sahara Occidental.

Interrogé, Mohamed Jaaim, secrétaire général de CSPRON a affirmé : "je dénonce le pillage systématique des ressources naturelles au Sahara Occidental par le Maroc et ses complices, en particulier le phosphate, élément indispensable dans l’agriculture mondiale. 
Sid Ahmed a été condamné à perpétuité parce qu'il a pris position politiquement, et non pour des actes qui n'ont jamais été prouvés. 
Nous avons créé le CSPRON en 2005 et depuis cette date et même avant il affirme que l'occupation de notre pays a pour but le pillage de nos ressources naturelles, et que c'est totalement illégale parce que nous ne sommes pas d'accord. Voila pourquoi il a été condamné si lourdement. Le noeud du problème est là, la volonté de s'approprier nos ressources et notre refus catégorique. 
Nos pancartes saluent aussi le gouvernement d'Afrique du Sud qui a arrêté une cargaison de phosphate sahraoui représentant environ 6 millions de dollars, et va juger le 9 juin de sa propriété. Ce navire allait vers la Nouvelle Zélande pour une coopérative qui s'appelle Ballance Agri-Nutrients. Un autre navire d'une cargaison similaire a été arrêté à Panama, lui allait vers le Canada, pour la compagnie Agrium. Ces seuls deux navires valent probablement 12 millions de dollars. Par comparaison le Programme alimentaire Mondial donne l'équivalent de 7,9 millions de dollars pour les campements de réfugiés où survivent nos familles. 
Nous, le peuple sahraoui, nous ne sommes pas des mendiants pourtant et nous pourrions vivre en paix sans demander d'aide à personne si nous étions libre sur notre terre."
 

Jaaim est un ancien employé de Phosboucraa. Il a été envoyé vers le Maroc en 2006 en raison des ses activités syndicales.
 

Selon l'Observatoire international des ressources du Sahara Occidental, WSRW, le phosphate extrait de la mine sahraouie de Boucraa par l'OCP marocain représente 200 millions de dollars pour l'année 2016. L'Onu et, en décembre dernier, la cour de justice européenne, ont dit clairement que les phosphates et tout autre ressource du Sahara Occidental, renouvelable ou non, ne sont utilisables qu'à la condition de la consultation et l'accord du peuple sahraoui.

Équipe Média, El Aaiun, Sahara Occidental occupé
Le 7 juin 2017