Trois associations de pêcheurs enregistrées à Dakhla, au Sahara Occidental occupé, disent qu'ils n'ont vu aucun bénéfice découler d’investissements et de projets dans le port local. Ironiquement, leur déclaration vient seulement quelques jours après un vote par les Etats-membres divisés de l'UE pour une prolongation très débattue d'un an de l’accord de pêche UE Maroc – argumentant que les investissements faits au titre de cet accord bénéficient à la population locale.
Trois organisations officiellement enregistrées, Alqandil de Pêche Maritime, Ennawrass de Pêche Maritime et l’Association des marins qui travaillent sur les navires de pêche, ont porté leur cause devant la Commission Européenne.
Dans une déclaration publiée le 30 juin 2011, les organisations ont confirmé que seul un petit pourcentage de la population locale de Dakhla est encore employée dans le secteur de la pêche au Sahara Occidental, malgré les déclarations du Maroc d'avoir fait de lourds investissements dans le port.
"Alors que l'exclusion et la corruption sont répandues dans l'administration marocaine dans la région, d'autres investissements dévastateurs ont détruit la classe moyenne de la population, 42% d'entre eux tiraient leur subsistance dans le secteur de la pêche avant l’installation de l'administration marocaine. Mais au cours des 15 dernières années, cette proportion a chuté à 4,9% ", selon la déclaration.
« Le ministère marocain de la Pêche a limité ses investissements et ses intérêts dans l'exploitation répondant aux souhaits des lobbies et des entreprises sans aucun autre principe que de faire des profits. Le ministère des Pêches et l'Etat marocain mentionnent constamment les investissements et les développements dans la région, alors qu'en réalité, rien n’est fait sur le terrain pour engager les populations locales et leur faire bénéficier de ces prétendus «investissements», ou pour créer des emplois dans le secteur de la pêche dans la région pour la population locale ou développer des projets liés à ce secteur ».
Cliquez sur l'image en dessous pour voir une version plus grande du communiqué des associations de pêcheurs.
Les UE États membres de l’UE font commerce du poisson, en dépit de l'absence de preuve sur les bénéfices pour les Sahraouis
Le 29 juin, le Conseil Européen des ministres a officiellement accepté de donner le feu vert à la très controversée et largement critiqué prolongation d'un an de l’accord de pêche de l'UE avec le Maroc. En votant cela, l'Union Européenne s’est divisée, avec seulement une majorité qualifiée pour croire que le Maroc ait fourni une preuve suffisante que le peuple sahraoui du Sahara Occidental bénéficie en effet de l’accord de pêche.
Mais selon un article paru dans European Voice le 7 juillet (traduction ici)"la documentation marocaine – une présentation confidentielle de 44 diapositives PowerPoint - ne fait aucune référence au Sahara Occidental et met dans le même panier le territoire occupé avec des zones du Maroc, ce qui rend impossible de juger quels bénéfices, s’il y en a, vont à la population sahraouie".
Sept États membres - la Suède, le Danemark, l'Autriche, la Finlande, Chypre, le Royaume-Uni et aux Pays-Bas – n’ont pas accepté la proposition, parce qu’ils ne voyaient pas comment l'accord avec le Maroc bénéficiait au peuple du Sahara Occidental.
Leur position est basée sur un avis juridique de l'ONU de 2002, qui liste non seulement les intérêts du peuple du Sahara Occidental, mais aussi leur consultation et consentement préalables comme exigence légale aux activités économiques dans le territoire. Un manque de preuves que le peuple sahraoui ait été consulté et bénéficierait de l'accord de pêche a abouti à l’appel par les services juridiques du Parlement Européen à un arrêt immédiat de l’accord en 2009.
Ill- Gestion des stocks de poissons
Dans leur déclaration, les trois associations de Dakhla déplorent aussi la mauvaise gestion des stocks de poissons, alléguant de «Violations graves qui contribuent à l'épuisement des stocks de poissons sur une base quotidienne ».
Selon les pêcheurs, la flotte marocaine continue d'utiliser des techniques de filets illégales tels que les filets dérivants. Par l’accord de pêche UE-Maroc 2007-2011, le Maroc a reçu 1 million d'euros par an pour la suppression progressive de l'utilisation des destructeurs filets dérivants.
Les pêcheurs voient le « contrôle irresponsable et corrompu » des navires étrangers agissants dans les eaux comme un important facteur de l'appauvrissement des stocks de poissons. L'absence de contrôles efficaces à bord des navires battant pavillon du Maroc, de la Russie ou du Portugal est particulièrement importante dans leur déclaration.