jeudi 25 juin 2015

EM. Les dépouilles de 48 Sahraouis toujours détenues par le Maroc


Il y a neuf ans, l'instance équité et réconciliation (IER) reconnaissait la mort de 48 Sahraouis dans les centres secrets de Agadez, Kala’at Megouna et El Aaiun entre 1975 et 1991 et émettait des recommandations. Les familles de ces 48 victimes, constituées en « comité des familles des martyrs sahraouis » attendent toujours que leur soient remis les restes de leurs parents. Les familles des plus de 450 autres disparus sahraouis pour la même période sont toujours sans nouvelles.

Le comité sahraoui des familles des martyrs a déploré le vendredi 12 juin 2015, que l’État marocain, malgré ses engagements, n’ait pas encore répondu à ses demandes et revendications. Le comité a également dénoncé la discrimination faite par  les autorités marocaines d’occupation envers eux puisque les demandes des familles de marocains sont satisfaites que les leurs sont ignorées et rappelé les menaces lancées par les autorités marocaines contre ses membres en 2006 alors qu’ils refusaient les propositions de l’IER.
Les membres du comité insistent d’autre part pour que des tests ADN soient pratiqués sur les restes, même si l’État marocain le refuse argumentant du coût trop élevé, parce qu’ils craignent que soient remis aux familles des os de chiens ou chats.

Globalement les membres de comité des familles des martyrs ont rappelé leurs demandes à l’IER : connaître les motifs de la disparition, les conditions de détention et de décès, la délivrance de certificat de décès, l’identification des restes à l’aide de test ADN en présence d’experts et de représentants des familles des martyrs, le transport des restes vers le Sahara Occidental ou le sud du Maroc selon les vœux des familles.
Mais que les tortionnaires soient traduits devant la justice, et que l’État marocain présente des excuses aux familles des martyrs morts suite aux tortures dans les prisons secrètes.

L'instance équité et réconciliation (IER) est un comité marocain créé le 12 avril 2004 par le roi du Maroc Mohammed 6 et portant la période 1958-1999, soit le règne de son père, Hassan 2. Le but de l’IER est de  se « réconcilier » avec les victimes de violations graves commises par ce père.

Mais l’IER n’a pas ouvert d’enquêtes sur les disparitions et assassinats des Sahraouis après 1999. Or ces pratiques ont continué sous Mohammed 6.
Sur une cinquantaine de personnes, il y a en particulier le cas des 15 jeunes activistes sahraouis enlevés le 26 décembre 2005, l’assassinat de l’enfant Najem El Garhi, tué par des balles de l’armée marocaine alors qu’elle encerclait le camp de Gdaim Izik, et les  Sahraouis sont morts lors de l’attaque violente contre le campement de Gdaim Izik.
Il y a aussi le cas de Said Dembar, assassiné le 24 décembre 2010, enterré sans autopsie et sans la présence de sa famille le 4 mai 2012 et celui, récent, de Med Lamin Haidala.

Équipe Média, El Aaiun occupée
Le 25 juin 2015

mardi 16 juin 2015

ARTIFARITI 2015, quarante ans de résistance. Les inscriptions sont ouvertes


9ème rencontres internationales Arts et Droits de l'Homme du Sahara Occidental.
Wilaya de Bougdour (Camps de réfugiés sahraouis. Tindouf, Algérie)
Du 31 octobre au 10 novembre 2015.

« Seul l'acte de résistance résiste à la mort, que ce soit sous la forme d'une oeuvre d'art ou sous la forme d'une lutte des hommes. » Gilles Deleuze

1975-2015. Quarante ans.
Au printemps 1975 allait s’organiser au Sahara Occidental le référendum d’autodétermination annoncé par le gouvernement espagnol, son colonisateur. La même année, le Tribunal de Justice de La Hayes affirmait que le Sahara Occidental n'avait aucun lien de souveraineté avec le Maroc ni avec la Mauritanie, et qu'il fallait donc appliquer le principe d’autodétermination. Mais l'Histoire s'est écrite et s'écrit autrement. Le 6 novembre 60.000 marocains entrent en territoire sahraoui au cours de la « marche verte ». C’est une partie de la stratégie d’occupation organisée par le monarque marocain Hassan II. Le gouvernement espagnol évacue la population “espagnole”, et le 14 novembre signe un accord tripartite où il remet illégalement le territoire sahraoui au Maroc et à la Mauritanie, qui commencent à occuper les principales villes. “On ne fait pas de prisonniers. Les tanks marocains passent sur les blessés sahraouis” disaient les télégrammes reçus par les derniers soldats espagnols avant de se retirer. La population sahraouie fuyait alors le massacre, s'échappant vers le désert où elle était encore bombardée au napalm et au phosphore blanc.
Mai 2015, le Sahara Occidental est la seule colonie africaine restant à décoloniser. Le territoire est toujours partiellement occupé par le Maroc, et les familles sont séparées par un mur miné de 2700 kilomètres de long. En territoire occupé, les Sahraouis subissent la répression, sont emprisonnés, torturés, disparaissent. Les ressources naturelles sont pillées et volées. En exil, réfugiés sur la hamada algérienne de Tindouf (sud ouest), des milliers de Sahraouis survivent de l'aide humanitaire internationales dont ils sont dépendants. Aujourd'hui, le conflit du Sahara Occidental continue à être un conflit ignoré et muet.

Quarante ans d'occupation, quarante ans de résistance

Pour sa neuvième édition, ARTifariti propose de réfléchir sur la résistance du peuple sahraoui, sur les résistances citoyennes, les modes de résistance à travers de l'art, à travers le travail des créateurs sahraouis et internationaux, dans les espaces de débats. ARTifariti considère que l'art n’a pas fonction de diffuser et informer, mais qu'il est une force, une résistance, une rébellion, une façon de questionner et de repenser le présent, de mouler et créer un futur qui n'existe pas encore, mais dont nous rêvons.

Présentation de propositions :
Les artistes qui souhaitent participer à ARTifariti 2015 devront envoyer leur proposition à l'organisation (info  @  artifariti.org, cc à apsolument   @   yahoo.fr) avant le 18 septembre 2015 pour son évaluation par l'équipe de commissaires. Les projets seront examinés rapidement et les artistes acceptés recevront une lettre d'invitation leur permettant le cas échéant de rechercher des soutiens financiers pour leur participation.
Autres formes de participation : conférenciers, assistants ou maîtres d'ateliers
Les séminaires et des activités d’ARTifariti 2015 auront aussi pour axe central « Quarante ans de résistance ». Les propositions de participation sont à adresser à l'organisation avec une lettre de motivation. L'acceptation sera également communiquée aux personnes intéressées par lettre d'invitation.

La participation suppose l'acceptation du fait que les œuvres réalisées pour les Rencontres internationales d'art et de droits de l'homme du Sahara Occidental, ARTifariti 2015, feront partie du patrimoine culturel du Peuple Sahraoui, et pour les œuvres en art plastique, exposés à l'air libre, où elles ont été créées, ou dans d'autres espaces gérés par le Ministère de Culture de la RASD. De même, les artistes cèdent les droits de propriété, d'image et de reproduction de leurs œuvres à ARTifariti, sans préjudice de leurs droits d’auteurs. Durant les Rencontres seront réalisés des reportages audiovisuels et photographiques de l'activité pour leur diffusion postérieure à travers les média et les expositions physiques et virtuelles. Tout le matériel est intégré à un fond documentaire qui fonctionne comme forum de réflexion et échange d'idées, et permet à d'autres artistes de disposer de matériaux pour développer leurs propres œuvres sous licence « Creative Commons Attribution-NonCommercial 3.0 Unported» (CC BY-NC 3.0).

Les inscriptions sont ouvertes pour la neuvième édition d'ARTiriti qui se déroule du 31 octobre au 10 novembre 2015.
L'inscription à ARTifariti 2015 :
Si le participant gère lui-même vol, visa et assurance, le coût sera de 250 € (inscription, déplacements sur place et hébergement pension complète chez l’habitant) . 
Coordination APSO pour la France, APSOlument   @    yahoo.fr

Au départ de Barajas-Madrid : 750 €. Inclut : Inscription, Vol régulier Madrid – Alger-Tindouf aller-retour, Visa et assurance, Logement et repas chez l'habitant.

Compléments d'information :
ARTifariti - Asociación de Amistad con el Pueblo Saharaui de Sevilla – AAPSS
c/ Virgen de la Antigua, 4- bajo derecha, 41011 Sevilla – España
Tfn. 0034 954 28 22 05 – 0034 954 27 41 04 Fax. 0034 954 28 20 46
www.artifariti.org – facebook.com/ARTifariti
info@artifariti.orgaapss@saharasevilla.org – movilización@saharasevvilla.org

Pour la France : APSO, Amis du Peuple du Sahara Occidental
APSOlument   @   yahoo.fr   ap-so.blogspot.fr

dimanche 14 juin 2015

EM. Brèves du Sahara Occidental occupé, résistances et conséquences


Mercredi 10 juin 2014, à 9h du matin, Ali Sa’adouni et Noud Eddine Argoubi  membres du groupe des « Sahraouis qui rejettent la nationalité marocaine »  sont entrés dans le consulat de France à Agadir et ont protesté contre la position subjective de ce pays, contraire au droit international, dans le conflit sur le Sahara Occidental.
Les deux activistes ont étendu le drapeau de la RASD au sein du consulat et ont demandé à rencontrer le consul. Ils n’ont pas pu le faire, et la police marocaine est intervenue pour forcer les deux militants à sortir du consulat.
Ali Sa’adouni et deux autres activistes avait auparavant protesté au sein du consulat d’Espagne contre la position de l’ancien colonisateur de leurs pays dans le conflit.


Le 7 juin 2015, le journaliste Salah Lbseir 24 ans, a été arrêté par une patrouille de police marocaine à El Aaiun occupé. Il revenait des campements de réfugiés sahraouis pour une visite à sa famille. Salah, menotté et les yeux bandés, a, selon sa mère, était torturé lors de l’interrogatoire mené par la police.
Après 48 heures de garde-à-vue, le procureur du roi du Maroc à El Aaiun a donné l’ordre de conduire le  journaliste à la prison noire, et a fixé le procès au 29 juin.
En mai 2013, Salah Lbseir avait fui vers les  campements de réfugiés sahraouis après avoir été informé qu’un mandat d’arrêt avait été émis contre lui suite à sa couverture de manifestations organisées à Essmara occupée le 23 mai.
5 de ses compagnons, les activistes Hamoud Yahmoun, Sidi Mohamed Malal, Ayoub Barka Mohamed Nouh, Hussein Abdi Hamad et Mohamed Lamin Lkaihal  avaient eux été arrêtés le jour-même à Essmara et avaient passé cinq mois de prison sans jugement avant d’être mis en liberté provisoire.


À Essmara occupé le Forum Avenir pour la Femme Sahraouie, le Fafesa, a organisé une rencontre  pour célébrer le 39  anniversaire, le 9 juin, de la mort de fondateur du front Polisario El Wali Mustapha Sayed. Lors de cette rencontre, les participants ont exprimé leur solidarité avec Tekber Haddi. Cette femme sahraouie est en grève de la faim depuis 30 jours devant le consulat du Maroc de Las Palmas, pour protester contre ses demandes restées vaines que soit ouverte une enquête impartiale sur l’assassinat de son fils Mohamed Lamin Haidala par des colons marocains. 
150 femmes et jeunes gens ont participé à cette réunion qui a été encerclée par la police marocaine et les forces auxiliaires.
Les participants ont dénoncé les violations des droits de l’homme commis par les occupants et ont critiqué le silence de la communauté internationale. 


Le 10 juin 2015, dans le quartier la Polco de El Aaiun occupée, 15 femmes sahraouies ont manifesté bruyamment dans la rue pour demander d’arrêter le pillage de ressources naturelles par le Maroc et ses complices étrangers, et la libération des prisonniers politiques sahraouis. https://www.youtube.com/watch?v=rRoIpICNDt0#t=74

EM, El Aaiun occupé
Le 14 juin 2015

jeudi 4 juin 2015

EM. Pénurie, trafic et gaspillage d’eau au Sahara Occidental


Depuis le 1 mai 2015, les températures sont exceptionnellement élevées au Sahara Occidental et les problèmes de pénuries d’eau ont commencé dans les villes occupées par le Maroc.
Les coupures fréquentes et sans préavis de la distribution d'eau du robinet par l’Office national de l’eau potable (l’ONEP), dans les villes de El Aaiun, Smara, Bougdour et Dakhla obligent les habitants à s’équiper de pompes pour stocker cette eau dans des réservoirs sur les toits des maisons et à en acheter à des vendeurs privés.
Pour ceux qui le peuvent, une eau potable acheminée par camion citerne s’achète à des prix au moins 10 fois supérieurs à l’eau du robinet.

L’eau du robinet, appelée a‘aiafa est une eau dessalée. Les coupures d’eau a’aiafa, durent de un à quatre jours, et lorsque l’eau se remet à couler, c’est pour 3 ou 4 heures au maximum, à faible débit, ce qui oblige toutes les maisons d’avoir une ou deux citernes de stockage. Les quartiers habités majoritairement par les Sahraouis, Ma’atalah, Lahchicha, Erraha, El Quads, l’Erak et les immeubles 707 subissent ces fréquentes coupures d’eau.
Les quartiers de l’ancienne ville et le quartier El Massira (la marche verte) où habitent les responsables des autorités d’occupation, des officiers de l’armée royale marocaine ou de la police n’ont pas les mêmes problèmes.
L’office nationale marocain de l’eau potable ne prévient jamais des coupures d’eau dans les quartiers sahraouis, ni ne les justifient objectivement ou de façon crédible. En 2009 l’ONEP avait promis de résoudre le problème et de couvrir 90 % des besoins des habitants mais 5 ans après rien n’a changé dans les maisons. Par contre et paradoxalement le conseil municipal d’occupation a fait construire des fontaines luxuriantes qui elles, ne souffrent pas de pénuries.

Depuis l'occupation marocaine en 1975, l’eau fournie par les autorités par réseau et branchements individuels aux habitants des territoires occupés est cette eau non potable appelée a’aiafa, une eau saumâtre, produite par le dessalement de l'eau de la mer. L’a’aiafa, en plus d’être distribuée sans régularité est mauvaise à boire. Elle est utilisée pour le lavage et le bain sauf dans les maisons pauvres qui l’utilisent aussi pour boire et cuisiner.
Une maison de 9 personnes doit pouvoir stocker environ 1300 litres pour espérer couvrir les périodes de pénuries.

Pour avoir de l’eau réellement potable, les habitants d’El Aaiun, Bougdour et Dakhla sont contraints d’acheter de l’eau qui arrive par camions citernes depuis Tan Tan, à 320 kilomètres au nord d’El Aaiun.

Pour indication, l’a’aiafa est facturée mensuellement par l’ONEP, consommation et assainissement, 10 dirham le m3.
Revendue au moyen de citerne, elle coute alors 6 dirhams les 100 litres, soit 60 dirhams le m3. Les propriétaires et chauffeurs des camions qui revendent ainsi l’a’aiafa sont marocains.
Chaque camion achète 5,5 dh le m3 à l’ONEP, place catalunia. Les modalités de paiement sont une avance mensuelle de 10 000 dh, régularisée en fonction du prélèvement réel.
Les inspections sanitaires dépendant du conseil municipal ne semblent pas très rigoureuses étant donné l’état de certains camions en circulation.

Un baril de 100 l d’eau de Tantan coute 60 dh, les camions sont équipés de longs tuyaux et de pompes pour monter l’eau sur les toits. Les propriétaires des sources et des camions sont aussi marocains. Ce sont des entreprises privées.
Un bidon de 5 litre d’eau minérale coute 12 dh dans les boutiques d’alimentation.

Pour faire le thé, les Sahraouis utilisent traditionnellement lghadir, de l’eau de la pluie, mélangé à l’argile, qui est récoltée dans le désert.

Il est évident que les infrastructures de la distribution de l’eau potable sont insuffisantes au Sahara Occidental et que l’occupant marocain n’a aucune intention d’améliorer les conditions de vies dans le territoire où il pille les ressources naturelles, dont l’eau pour l’agriculture et la propagande.

A El Aaiun, les habitants se souviennent des grandes difficultés et problèmes sanitaires de l'été 2014 quand ils ont été privés d'eau pendant plusieurs jours en plein Ramadan et s’inquiètent de voir se profiler les mêmes problèmes.

Equipe Média, El Aaiun occupée
Le 4 juin 2015