samedi 29 janvier 2011

Agriculture illégale au Sahara Occidental

Au cours des dernières années, le Maroc a déplacé des milliers de colons pour qu’ils travaillent dans les plantations de fruits et légumes des territoires occupés. Le nouvel engagement agricole est une partie de la stratégie du Maroc pour coloniser les régions du sud du Sahara Occidental.

L'agriculture a connu un essor lors de ces dernières années dans la région de Dakhla, dans le sud-ouest du Sahara Occidental occupé.

La propagande officielle marocaine catégorise les activités agricoles par "développement des provinces du sud". Toutefois, ce «développement» est réalisé sans la participation du peuple sahraoui et ne lui apporte rien.

Un rapport du Centre Régional d'Investissement (CRI) de Dakhla est ainsi libellé: « La création d'entreprises agro-industrielles a fait de rapides progrès au cours des dernières années. En fait, le potentiel agricole de cette région essentiellement désertique n'est pas négligeable et promet des bénéfices lucratifs pour les investisseurs. »

Le CRI estime à 1 million d'acres la zone dédiée à la production agricole au Sahara Occidental. À ce jour, plus de 529,5 ha sont exploités en six larges zones irriguées d'environ 1,434 hectares, situées dans un rayon de 70 kilomètres autour de la ville de Dakhla. Cinq de ces zones sont équipées de serres et de systèmes d'irrigation qui produisent de bonne qualité de cultures hors sol. Le CRI déclare que «des capitaux financiers considérables sont disponibles et offre d'excellentes opportunités d'investissement dans l'agriculture sous serre. »

Tomates, concombres et melons produits sur des terres occupées, arrivent sur les marchés européens, nord-américain et de l’ex URSS. Jusqu'à 6 000 personnes sont employées dans le secteur de la tomate dans la région de Dakhla, au Sahara Occidental occupé. La plupart des employés sont d'origine marocaine.

La culture agricole au milieu d’un désert exige une technologie avancée. Pourtant, dans la région de Dakhla, les plantes sont cultivées sous serre, hors sol et nourries avec des solutions d’éléments nutritifs. Pour l'irrigation, l'eau est tirée de 300 à 600 mètres de profondeur, d’une importante nappe souterraine d’eau fossile non-renouvelable.

En décembre 2008, le magazine marocain TelQuel a révélé que le roi du Maroc était propriétaire d’entreprises dans le secteur de la tomate au Sahara Occidental occupé. L'un des grands producteurs actifs dans la zone contestée est la société française, Azura, dont les produits sont disponibles dans toute l'Europe.

WSRW, wsrw.org, 29 janvier 2011

dimanche 16 janvier 2011

COAG dénonce que la Cie française Azura vende des tomates du Sahara dans l’UE

La Coordination d’Agriculteurs et d’éleveurs (COAG) dénonce la société française Azura qui vend au sein de l’Union Européenne des tomates du Sahara.

L’organisation se réunira le 27 Janvier avec le député européen José Bové pour analyser la situation. Les services juridiques de l’Union Européenne nous dirons à la fin du mois si le texte est légal ou non.

Le 22 Novembre dernier, l’organisation Coag Almería (Coordination d’Organisations d’Agriculteurs et d’Eleveurs) a annoncé que l'accord d'association entre l'Union européenne et le Maroc pourrait être déclaré illégal parce que «le texte comprend le territoire du Sahara Occidental », alors que cette zone « ne devrait pas être inclue étant donné que l'ONU ne reconnaît pas la souveraineté marocaine sur ce territoire, et que le Maroc l’a inclue dans l'accord », a expliqué le secrétaire provincial de l'organisation agraire, Andrés Góngora.

Pour analyser cette situation et l'avenir du rapport juridique qui déterminera la légalité ou l'illégalité du texte de l'accord, Gongora a prévu une réunion le 27 Janvier avec l'eurodéputé français des Verts José Bové, qui avait lui-même commandé l'étude. Bové a annoncé mardi à Bruxelles qu’avant la fin du mois de janvier le rapport devra être terminé.

Pendant ce temps, les organisations agricoles d’Almeria continuent à recueillir des renseignements pour tenter par tous les moyens possibles de faire échouer l’accord entre l'UE et le Maroc. Ainsi, Gongora a déclaré hier au quotidien d’Almería que la société française Azura dispose d'environ 200 ha de serres de tomates dans le territoire du Sahara Occidental, en particulier à Dakhla, depuis 2006. La société exporte sa production vers l'Union européenne via Perpignan, où elle possède une plate-forme logistique de plus de 4.000 mètres carrés et 8000 mètres carrés d'entrepôts frigorifiques.

La firme française, en vingt ans d'ancienneté, s’est spécialisée dans la production de fruits et légumes en provenance du Maroc. Elle a construit sa première serre à Agadir en 1988-1989, et est aujourd'hui l'un des principaux concurrents d'Almeria. L’entreprise est à la pointe dans l'utilisation des techniques de contrôle biologique ainsi que des nouvelles technologies appliquées à la culture sous plastique, tant dans les infrastructures que dans l'irrigation.

Pour la campagne en cours de fruits et légumes, Azura a annoncé son intention de vendre environ 100.000 tonnes de fruits et légumes, dont 91.000 tonnes de tomates.

Andrés Góngora est aussi préoccupé car durant les derniers jours de décembre 2010 et les premiers de janvier 2011, le Maroc a exporté vers l'Union Européenne des tomates en dessous du prix minimum fixé par la convention (0,461€ par kilo). Selon l’Observatoire de Surveillance des Prix, il a également fait la même chose avec les courgettes en début d’année. « Ils ont maintenant trois mois pour payer les droits de douane correspondants ou pour montrer les factures indiquant que le prix a été plus élevé » dit-il. « Mais nous sommes sûrs qu'ils ne paieront pas un sous. »


Traduction APSO, 16 janvier 2011. Voir l’original du 15 janvier 2011, ici.